Les champs de panneaux photovoltaïques, ou « fermes solaires », sont parfois mis en cause dans la chute de la biodiversité des campagnes, car ce sont bien souvent de vastes étendues qu’il a fallu déboiser. Et si la filière de l’énergie solaire pouvait en fait réduire son impact sur l’environnement en créant des îlots propices à la vie sauvage ?


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    Les solutions qui s'inscrivent dans les stratégies de production d'énergies renouvelables ont des bénéfices bien connus sur les émissionsémissions mondiales de CO2. Mais, pour être réellement durables, elles ne devraient avoir que peu d'effets négatifs sur l'environnement et les populations humaines impliquées dans leur développement. Un chercheur de l'Université de New England, Eric Nordberg, s'est intéressé à l'impact que ces champs de panneaux peuvent avoir en Australie, où les fermes solaires sont en pleine expansion.

    D'ordinaire, la mise en place de ces installations s'accompagne d'un déclin de la production agricole, car les terres arables ne sont plus disponibles, et d'une dégradation de l'habitat de la faune et la flore sauvage. Une innovation a déjà été expérimentée pour ce qui est de l'agriculture : la mise en place de champs « agrivoltaïques », où le terrain est utilisé à la fois pour placer de panneaux solaires et planter des cultures ou faire paître du bétail. 

    Des moutons peuvent être très utiles aux fermes solaires, en broutant la végétation dans les zones difficiles à atteindre entre et sous les panneaux solaires. © Merrill Smith, <em>U.S. Department of Energy, </em>domaine public
    Des moutons peuvent être très utiles aux fermes solaires, en broutant la végétation dans les zones difficiles à atteindre entre et sous les panneaux solaires. © Merrill Smith, U.S. Department of Energy, domaine public

    L'inclusion des énergies renouvelables dans leur environnement

    Les travaux de Nordberg ont visé à déterminer si les champs de panneaux photovoltaïques pouvaient suivre ce même modèle et être utiles à la protection de la biodiversité. Il a fallu identifier quelles espèces sauvages animales et végétales occupent les fermes solaires et comment, et à quelle vitessevitesse elles recolonisent ce territoire. Cela a permis de connaître leurs besoins et d'adapter les différentes solutions possibles. Pour que la faune sauvage s'installe durablement dans un nouvel habitat, elle doit pouvoir s'y nourrir, se reposer, s'abriter des prédateurs et des conditions climatiques, et se reproduire. 

    Justement, les panneaux peuvent se transformer en perchoirs et nichoirs, ainsi qu'en abri pour les animaux contre leurs prédateurs, et contre les éléments, un peu comme les récifs artificiels. Les panneaux créent aussi des zones d'ombres et de lumièrelumière, ce qui complexifie les micro-habitats et favorise une faune et une flore riches et diversifiées. Une telle zone recouverte de végétation peut également servir de corridor écologiquecorridor écologique qui permet à la faune de se déplacer.

    Les berges végétalisées et le lagunage peuvent être mis en place pour servir de corridor écologique et enrichir la complexité de l'écosystème. © F Lamiot, <em>Wikimedia Commons</em>
    Les berges végétalisées et le lagunage peuvent être mis en place pour servir de corridor écologique et enrichir la complexité de l'écosystème. © F Lamiot, Wikimedia Commons

    Les bonnes pratiques pour la biodiversité

    Certaines pratiques, qui peuvent tout à fait s'appliquer dans nos jardins, améliorent les résultats auprès de la vie sauvage. Par exemple, il est conseillé de semer des espèces variées de plantes à fleurs pour encourager les pollinisateurs, de réduire la tonte de l'herbe entre les panneaux, de réduire l'utilisation d'herbicidesherbicides et de pesticidespesticides, et de connecter les fermes solaires à d'autres zones de végétation.