Des chercheurs allemands ont découvert chez la fauvette des jardins une voie de communication entre la rétine et une aire du cerveau spécialisée dans la migration. Or, on sait déjà que ces oiseaux perçoivent le champ magnétique et que la rétine joue un rôle. D’où cette hypothèse hardie : cette perception serait un signal visuel.

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    Dommage que l’on ne puisse pas demander à la fauvette ce qu’elle voit quand elle regarde vers le nord… © Joël Bruezière /  www.eyesonsky.com

    Dommage que l’on ne puisse pas demander à la fauvette ce qu’elle voit quand elle regarde vers le nord… © Joël Bruezière / www.eyesonsky.com

    Au-dessus du bois qu'elle vient de quitter, la fauvette tourne sa tête pour se repérer. Une lueur bleue-verte apparaît là-bas, loin à gauche de la LuneLune. Cette lumièrelumière ne vient donc pas de notre satellite. Elle vient de nulle part. Mais la fauvette la voit et se moque des détails techniques. C'est bien pratique de distinguer une lueur quand on a la curieuse habitude de migrer pendant la nuit. Par là, c'est le sud, le Sahara, l'Afrique, elle le sait, et c'est dans cette direction qu'il faut voler...

    Personne n'est encore entré dans la tête d'une fauvette des jardins et cette description reste purement spéculative. Mais c'est peut-être de cette manière que Dominik Heyers et ses collègues de l'université d'Oldenburg (Allemagne) s'imaginent le secret de la migration nocturne de la fauvette après leur découvertes de mystérieux mécanismes cérébraux à l'œuvre quand l'oiseau cherche sa route.

    Chez des fauvettes des jardins (Sylvia borin), ces biologistes ont injecté deux marqueurs différents, ayant la propriété de suivre les fibres nerveusesfibres nerveuses, l'un dans la rétinerétine et l'autre dans le cerveaucerveau, plus précisément dans une zone connue pour être activée uniquement lorsque la fauvette doit s'orienter, et appelée Groupe N. Cette zone avait été découverte en 2005 par une équipe américano-allemande, dont des chercheurs de l'université d'Oldenburg. Chez les migrateurs nocturnes, elle s'active la nuit et pas du tout durant la journée. Les oiseaux ont ensuite regagné leur cage. Dès qu'ils ont commencé à manifester l'envie de partir en migration, les chercheurs ont pisté leurs traceurs dans leur cerveau et les ont retrouvés tous les deux au même endroit : dans une région de l'hypothalamushypothalamus liée à la vision. Le sens de la vue et le contrôle de la navigation sont donc reliés.

    Des récepteurs dans la rétine

    Les scientifiques en concluent que la fauvette doit percevoir le champ magnétiquechamp magnétique par un stimulus visuel. La déduction est peut-être un peu osée mais intéressante... Elle s'appuie sur plusieurs travaux antérieurs montrant un lien entre vision et perception du champ magnétique. En 2006, des protéinesprotéines sensibles à ce dernier ont été repérées dans la rétine. Il s'agit de protéines bien connues, les cryptochromescryptochromes, que l'on trouve chez les végétaux et les animaux, et qui sont sensibles à la lumière dans le bleu et le vert. Elles sont notamment impliquées dans le contrôle des rythmes jour-nuit. En travaillant sur des cryptochromes d'origine végétale, une équipe française avait découvert qu’un champ magnétique modifie leur réponse à la lumière.

    Par ailleurs, on sait que chez les oiseaux migrateurs apparemment capables de percevoir le champ magnétique, cette sensibilité est influencée par la couleurcouleur de la lumière, le bleu ou le vert étant indispensables tandis que les autres longueurs d'ondelongueurs d'onde la perturbent.

    Pourtant, c'est dans le bec du pigeon que l'on a trouvé la première preuve directe d'une véritable boussole, sous la forme de petits groupes de particules magnétiques en forme de T. Les oiseaux migrateurs, qui, en bons navigateursnavigateurs, utilisent plusieurs sources d'informations, ont plus d'un tour dans le sac...