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Chaque année de nouvelles espèces sont découvertes, végétales ou animales. En 2010, une seule expédition en Papouasie-Nouvelle Guinée avait ramené une superbe moisson de quelque 200 espèces, dont un petit mammifère marsupialmarsupial, qui avait déjà été vu mais si rarement que son espèce n'avait pas encore été décrite. Fin 2010, le « singe qui éternue », observé au Myanmar, avait défrayé la chronique, même si les populations locales connaissaient depuis toujours ce primate aux narinesnarines trop ouvertes pour être étanches à la pluie. Rappelons que la vaste opération portant sur la biodiversité marine, Census Marine of Life, a ramené dans ses filets, après dix années de labeur, 6.000 espèces potentiellement nouvelles.
Mais il est vraiment rare de découvrir des mammifères de quelques centaines de kilogrammeskilogrammes qui ne vivent pas au fond d'une forêt tropicale rarement visitée ni dans de sombres abysses, mais à proximité de côtes peuplées et même urbanisées. C'est pourtant ce qui vient d'être fait avec la description par une équipe de l'université de Monash (Australie) d'un nouveau dauphin à gros neznez, c'est-à-dire le genre Tursiops, le plus célèbre des delphinidés depuis le feuilleton Flipper (et même depuis la Grèce antique), qui contient actuellement deux espèces, TT. truncatus et T. aduncus.
La description est celle d'individus vivant au sud-est de l'Australie, non loin des plus grandes villes australiennes, Melbourne et Sydney. Deux groupes ont été identifiés et l'un d'eux vit dans la baie de Port Philippe, à deux pas de Melbourne.
Trois individus de Tursiops australis photographiés par l'équipe australienne. © Kate Charlton-Robb et al. / Plos One
Une surprise près d’une agglomération de 4 millions d’habitants
Ces dauphins avaient en fait été repérés depuis longtemps puisque les auteurs de l'article, paru dans Plos One, mentionnent des travaux datant de 1934 et de 1919, et même une première observation en 1914, mentionnant une variété dite du sud de l'Australie. Ces dauphins un peu particuliers (un peu plus petits que T. truncatus, notamment) avaient un temps été classés dans une nouvelle espèce, Tursiops maugeanus. Mais la trop grande variété de morphologiemorphologie avait rendu ce classement intenable et les dauphins du sud de l'Australie avaient rallié la case T. truncatus.
Les travaux de Kate Charlton-Robb et de son équipe ont tout repris à zéro et s'appuient sur des observations morphologiques du crânecrâne sur 44 individus, et génétiquesgénétiques, portant sur l'ADN mitochondrialADN mitochondrial. Les conclusions semblent nettes aux yeuxyeux des auteurs : les populations étudiées que l'on peut rapprocher de la variété maugeanus appartiennent à deux espèces distinctes : l'une n'est autre que Tursiops truncatusTursiops truncatus et l'autre n'a jamais été décrite et est donc nouvelle (pour les humains). Les auteurs l'ont baptisée Tursiops australis pour son nom scientifique et, pour le commun des mortels, dauphin Burrunan, un mot aborigène désignant les dauphins et signifiant « gros poisson ressemblant au marsouinmarsouin ».
« C'est une découverte fascinante, s'est enthousiasmée Kate Charlton-Robb, selon le communiqué de l’université Monash. On n'a découvert que trois espèces de dauphins depuis les années 1800 ! » Et la biologiste de souligner l'importance d'une approche réunissant plusieurs méthodes plutôt qu'une seule mais aussi que, même sur un terrain connu, on peut encore espérer de « passionnantes découvertes ».