Les dernières données satellitaires concernant la fonte des glaces en Antarctique montrent que le processus est plus complexe que ne le pensaient les climatologues. Alors qu’une partie du « paradis blanc » de Michel Berger est restée stable, une autre fond à un rythme accéléré.

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    Un paysage de l'Antarctique. Crédit : Taaf

    Un paysage de l'Antarctique. Crédit : Taaf

    Quel sera l'impact du réchauffement climatique sur les calottes polairescalottes polaires ? Curieusement, la question agite toujours le milieu de la climatologie. Selon certaines simulations numériquessimulations numériques, l'épaisseur de la couverture de glace en Antarctique devrait augmenter, même si une réduction de la surface occupée par celle-ci devrait se produire au cours du XXIième siècle. De fait, en 2005 une étude portant sur l'augmentation des précipitations neigeuses dans la partie Est de l'Antarctique semblait donner raison aux modèles numériquesmodèles numériques. Le rapport du Giec de 2001 concluait d'ailleurs déjà dans le sens d'une augmentation de la calotte polaire de l'Antarctique.

    D'après une étude publiée dans Nature Geoscience, si la partie Est de l'Antarctique serait bien restée à peu près stable, il n'en serait pas de même de la partie Ouest. Le bilan général montre alors une fontefonte globale de l'Antarctique, malheureusement en train de s'accélérer, au moins dans la partie Ouest.

    Les cercles indiquent la perte de masse (rouge) ou le gain (en bleu) dans les grands bassins. Les chiffres indiquent des gigatonnes par an. Cliquez pour agrandir. Crédit : <em>Nature Geoscience</em>

    Les cercles indiquent la perte de masse (rouge) ou le gain (en bleu) dans les grands bassins. Les chiffres indiquent des gigatonnes par an. Cliquez pour agrandir. Crédit : Nature Geoscience

    L'eau perdue en Antarctique :trente fois la consommation de la Grande-Bretagne

    Les chercheurs ont utilisé une technique d'interférométrieinterférométrie radar à partir de satellite pour mesurer précisément la vitessevitesse d'écoulement des glaces. 85 % des côtes de l'Antarctique ont ainsi été étudiés à trois reprises, en 1996, 2000 et 2006. Le résultat est venu confirmer une précédente étude effectuée en 2006 sur une échelle de temps plus courte à partir de mesures gravimétriques.

    La partie Ouest de l'Antarctique aurait ainsi perdu 132 milliards de tonnes de glace en 2006, soit 83 milliards de plus qu'en 1996. Pour se faire une idée du volumevolume d'eau ainsi perdu, le professeur Jonathan Bamber, l'un des auteur de la publication de Nature et professeur à l'Université de Bristol,  le compare à celui du volume d'eau  consommée en Grande-Bretagne : « 4 milliards de tonnes de glace, c'est assez pour fournir de l'eau potable pendant un an au pays ».

    La part la plus importante de la perte de massemasse de l'Antarctique se situe au niveau de la mer d'Amundsen et de la partie nord de la péninsule Antarctique, qui a ainsi perdu 60 milliards de tonnes de glace en 2006. Or, il se trouve que ces pertes sont fortement corrélées à une accélération de l'écoulement des glaciersglaciers à ces endroits. Il semblerait donc que l'écart entre la prédiction des modèles numériques et les observations soit dû à une mauvaise compréhension de l'influence de la dynamique des glaciers sur le taux de fonte des glaces.

    Les auteurs ne se prononcent pas vraiment sur l'évolution future du taux de fonte de l'Antarctique dans les décennies à venir, bien qu'ils envisagent un possible ralentissement dans un futur proche. En tout cas, ces dernières années, s'ils ont raison, le taux de fonte s'est accru de 75 % par rapport à 1996.