L'année 2023 débute avec une actualité plus que jamais marquée par le réchauffement climatique, en France comme dans le monde. En seulement 10 ans, comment le réchauffement climatique a-t-il évolué et surtout avec quelles conséquences concrètes ? Découvrez les sept points les plus marquants.


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    En 2013, le monde souffrait déjà de l'impact du réchauffement climatique, avec une hausse continue de la température mondiale. En ce qui concerne notre pays, Météo France parlait d'une année 2013 « atypique » avec de grands écarts de températures. Mais en l'espace d'une décennie, la situation dans le monde et en France a nettement évolué :

    1. Une accélération du réchauffement

    La température globale de la Terre augmentait en moyenne de 0,08 °C par décennie depuis 1880 mais, depuis 1981, elle augmente désormais de 0,18 °C par décennie : son rythme a donc plus que doublé. Par conséquent, neuf des dix dernières années se classent parmi les dix plus chaudes depuis le début des relevés. Depuis 2015, la température moyenne mondiale dépasse chaque année les +1 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Actuellement, la hausse mondiale des températures liée aux émissionsémissions de gaz à effet de serre s'élève à +1,2 °C par rapport à la moyenne 1850-1900.

    2. Les scénarios d'évolution du réchauffement ont été revus à la hausse

    Même si les scientifiques ont commencé à alerter sur la hausse des températures dès les années 1970 (sans être pris au sérieux), les prévisions sur le réchauffement ont été revues à la hausse dans les derniers rapports Giec. Leurs cinq scénarios datent de 2021 et comprennent un scénario d'émissions de gaz à effet de serre en nette baisse si le monde fournit des efforts, des scénarios intermédiaires, et des scénarios extrêmes sans aucune régulation de nos émissions de GES. Ces scénarios donnent lieu à des estimations concernant la hausse de la température mondiale :

    - D'ici 2040 : entre +1,5 °C pour le scénario le plus optimiste à +1,6 °C pour le plus pessimiste ;

    - Entre 2041 et 2060 : entre +1,6 °C pour le plus optimiste et +2,4 °C pour le plus pessimiste ;

    - Entre 2081 et 2100 : entre +1,4 °C pour le plus optimiste et + 4,4 °C pour le plus pessimiste.

    Or, l'accélération du réchauffement climatique semble dépasser ces estimations : en 2022, l'ONU annonçait que la tendance actuelle à court terme nous dirige probablement vers un réchauffement à +1,5 °C d'ici 2026 !

    Les cinq derniers scénarios du Giec concernant le réchauffement dans le monde. © Giec, 2021
    Les cinq derniers scénarios du Giec concernant le réchauffement dans le monde. © Giec, 2021

    3. En France, un réchauffement désormais évident

    Dans les années 2010, si les Français se sentaient peu concernés par les conséquences du réchauffement climatique, contrairement à d'autres régions du monde, cette vision a totalement basculé au cours des années 2020. En 2022, des scientifiques annoncent que l'Europe de l'Ouest, dont la France, est l'une des zones qui se réchauffe le plus vite de l'hémisphère Nord, et 20 % de plus que la moyenne planétaire. Plus encore, la France se réchauffe 50 % plus rapidement que ce que l'on pensait ! La hausse des températures en France est aussi plus élevée que la moyenne mondiale : +1,7 °C en France (contre +1,2 °C au niveau mondial). Le rythme de réchauffement est alarmant dans notre pays : +0,36 °C en moyenne tous les 10 ans.

    L'évolution de l'indicateur thermique de notre pays (la moyenne sur 30 villes de référence) est éloquente :

    2012 : 12,83 °C soit +0,2 °C comparé à 1981-2010 ;

    2013 : 12,4 °C (-0,2 °C) ;

    2022 : 14,51 °C (+1,9 °C).

    Le rythme du réchauffement en France est de +0,36 °C tous les 10 ans. © Pixabay
    Le rythme du réchauffement en France est de +0,36 °C tous les 10 ans. © Pixabay

    4. Une sécheresse généralisée en Europe

    L’été 2022 (juin-juillet-août) est le deuxième été le plus chaud observé en France depuis au moins 1900 avec un écart de +2,3 °C par rapport à la moyenne 1991-2020 selon le bilan climatique de Météo France. La sécheressesécheresse de l'été a également été historique en 2022 : en août, elle concernait une superficie plus généralisée qu'en 1976 et 2003, deux années de référence. En 2012, la sécheresse faisait déjà parler d'elle, mais cette année-là, seuls l'arc atlantique et le sud-est du pays étaient en déficit de pluie. En 2022, le déficit pluviométrique a concerné toutes les régions, ce qui est inédit par rapport aux sécheresses de 1976 (principalement la moitié nord) et 2003 (principalement le sud-est du pays) précise MétéoMétéo France. La Bretagne s'est trouvée sous la menace de coupures d'eau jusqu'en octobre 2022.

    Au niveau européen, 75 % de l'Europe s'est retrouvée en état de « sécheresse sévère » plusieurs semaines pendant l'été selon Windy. Cette sécheresse qui dure depuis 2018 en Europe atteint un niveau sans précédent depuis 250 ans.

    5. La hausse du niveau des mers a dépassé le rythme de 4 mm par an

    Entre 1993 et 2010, le niveau des mers augmentait en moyenne de 3,3 m par an mais, depuis 2010, il augmente de 4,4 mm par an. La vitessevitesse de cette hausse du niveau de l'eau a plus que doublé entre 2006 et 2015 en comparaison avec sa vitesse d'élévation au cours du XXe siècle : en 2012, environ 6 cm depuis 1993 ; en 2022, on dépasse les 10 cm de plus. 

    L'élévation du niveau des mers des mers depuis 1993. © Statista
    L'élévation du niveau des mers des mers depuis 1993. © Statista

    6. L'étendue des glaces à son niveau le plus bas

    Chaque année, la surface des glaces diminue de 13 % en comparaison avec son niveau moyen de 1981-2010. Le rythme de fontefonte des glaces a nettement accéléré depuis 10 ans. Depuis le début des estimations satellite en 1979, la surface de glace qui recouvre l'océan ArctiqueArctique à la fin de l'été (le « minimum glaciaire ») a diminué de plus de 40 %. Depuis 1980, la vitesse de fonte des glaciersglaciers en montagne double chaque décennie.

    Évolution de l'étendue de la banquise arctique en juillet. © Statista
    Évolution de l'étendue de la banquise arctique en juillet. © Statista

    7. Des phénomènes météo plus extrêmes

    S'il n'y a pas de consensus sur le fait que les phénomènes météo violents sont plus nombreux, ou pas, les scientifiques sont d'accord pour dire que leur violence est décuplée. Parmi les exemples les plus frappants, celui des ouragansouragans dans l'océan Atlantique Nord : ils ne sont pas forcément plus nombreux chaque année mais leur intensification est plus rapide. Cela a été le cas en 2017 avec les phénomènes dévastateurs Harvey, Irma, José et Maria, mais aussi plus récemment avec le développement explosif de l'ouragan Ian en 2022 au contact des eaux chaudes bordant la Floride.

    L'ouragan Ian est passé du stade de tempête tropicale à ouragan majeur en l'espace de 2 jours. © NOAA
    L'ouragan Ian est passé du stade de tempête tropicale à ouragan majeur en l'espace de 2 jours. © NOAA