Un petit rongeur qui vivait sur une île au large de l'Australie serait le premier mammifère victime du changement climatique : Melomys rubicola semble avoir disparu de son île de Bramble Cay. L’animal a été vu pour la dernière fois en 2009 par un pêcheur.

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    Bramble Cay est une toute petite île de seulement 4 hectares située à l'est du détroit de Torrès, entre le Queensland en Australie (à 227 km) et la Papouasie-Nouvelle-Guinée (à 53 km). L'île est couverte de sable, de guano compacté, et, à une extrémité, comporte une plateforme de roche phosphatique avec une végétation herbacée. Bramble Cay, qui culmine à 3 mètres au-dessus du niveau de la mer, est également visitée par les tortues vertes Chelonia mydasChelonia mydas et des oiseaux de mer.

    L'espèce Melomys rubicola n'est connue que sur cette petite île. Ces petits mammifères y ont été vus pour la première fois en 1845 par des européens qui naviguaient à bord du HMS Bramble, avec le lieutenant Yule. L'espèce de rongeurs était alors abondante et les marins leur tiraient dessus avec des arcs et des flèches.

    En 1978, la population comptait encore plusieurs centaines d'individus, puis en 1998, elle a été estimée à 93 grâce à la capture de 42 animaux. Des études similaires menées en 2002 et 2004 n'ont permis de capturer que 10 et 12 individus, ce qui indiquait un déclin de la population. Or depuis 1998 la partie de l'île qui se trouve au-dessus du niveau de la marée haute est passée de 4 à 2,5 hectares et la végétation a beaucoup diminué : les rongeursrongeurs ont perdu 97 % de leur habitat.

    En mars 2014, une petite étude n'avait pas permis de détecter le mammifère sur l'île. Les scientifiques de l'université du Queensland ont donc mené une expédition plus poussée entre le 29 août et le 5 septembre 2014 pour savoir s'il y avait toujours des melomys sur l'île. Les scientifiques ont choisi cette période car les tortues, qui peuvent endommager les pièges, sont absentes.

    L’île de Bramble Cay est victime de l’élévation du niveau de la mer. © Natalie Waller

    L’île de Bramble Cay est victime de l’élévation du niveau de la mer. © Natalie Waller

    Aucune trace du rongeur sur l’île de Bramble Cay

    L'enquête qui a impliqué 60 caméras de nuit et deux heures de recherches intenses de jour n'a permis d'obtenir aucun enregistrement de l'animal : la seule population connue de cette espèce est donc vraisemblablement éteinte. Les melomys de Bramble Cay représentaient la seule espèce de mammifère endémiqueendémique à la Grande Barrière. Ce serait le premier mammifère à s'être éteint à cause du changement climatiquechangement climatique causé par l'Homme.

    Pour les chercheurs, la raison de cette disparition tient probablement à l'inondationinondation des zones de basse altitude, entraînant une perte d'habitat et la mortalité de l'espèce ; dans leur rapport, ils écrivent : « Pour les îles basses comme Bramble Cay, les effets destructeurs des niveaux d'eau extrêmes résultant de phénomènes météorologiques sévères sont aggravés par les effets de l'élévation du niveau de la mer entraînée par les changements climatiques anthropogéniques. »

    Cependant il y a peut-être une petite lueur d'espoir car la population originelle de melomys de Bramble Cay proviendrait du deltadelta du fleuve Fly en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Par conséquent, il pourrait y avoir des melomys de Bramble Cay ou une espèce proche à cet endroit. L'espèce n'a peut-être pas disparu à l'échelle globale...