À Hawaï, la tortue verte se refait une santé. Protégée depuis plus de 30 ans, elle réinvestit les îles pour pondre. Cependant, des écologues montrent que l’on est bien loin des niveaux historiques, antérieurs au XXe siècle.

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    La tortue verte (Chelonia mydasChelonia mydas) a longtemps été chassée pour sa chair, ses œufs réputés aphrodisiaquesaphrodisiaques et ses écailles. Classée comme espèce en voie de disparition, elle est protégée depuis 1978. Si le braconnage ne s'est jamais réellement arrêté, l'espèce reprend tout de même peu à peu ses droits. La tortue vit dans toutes les eaux tropicales, et fait l'objet d'une surveillance rapprochée sur l'archipel d'Hawaï. La NOAANOAA a en effet mis en place un programme de suivi de l'espèce qui montre que ces 30 dernières années, la quantité de tortues vertes à Hawaï a considérablement augmenté.

    Bonne nouvelle donc pour ce reptile, mais il est encore largement en sous-effectif par rapport aux niveaux historiques. Une équipe d'écologues basés à Hawaï montre que si le stock local de tortues se reconstitue, il ne justifie en rien l'allégement de la protection de l'espèce. En effet, les chercheurs ont comparé l'écologie de l'animal pour les périodes 1250-1950 et 1973-2012. L'étude suggère qu'entre les deux périodes, 80 % des sites de ponte sur les îles de l'archipel d’Hawaï ont disparu.

    Les bébés tortues vertes sont les proies des crabes, des oiseaux marins et de tout autre mammifère qui s'aventure sur les plages. Sur les îles de l’archipel d'Hawaï, il n'y a plus qu'un seul gros site de ponte pour les tortues vertes. Le braconnage a fait fuir l'espèce. © Manuel Heinrich Emha, cc by sa 2.5

    Les bébés tortues vertes sont les proies des crabes, des oiseaux marins et de tout autre mammifère qui s'aventure sur les plages. Sur les îles de l’archipel d'Hawaï, il n'y a plus qu'un seul gros site de ponte pour les tortues vertes. Le braconnage a fait fuir l'espèce. © Manuel Heinrich Emha, cc by sa 2.5

    L'équipe a rassemblé des données issues des carnets de bord de pêcheurs, des sites archéologiques et des archives locales pour étudier l'évolution de l'espèce. Ils se sont aussi servis des données récentes du Pacific Islands Fisheries Science Center de la NOAA, chargé du programme de surveillance. Toutes ces informations ont permis de déterminer l'abondance de l'espèce, sa distribution géographique et l'évolution du braconnage en fonction du temps. Leurs résultats sont publiés dans la revue Ecography.

    Avancée dans la conservation des tortues vertes

    La majorité des sites historiques de ponte ont disparu. Parmi ceux qui restent, la taille a largement diminué. En outre, le seul grand site de ponte restant sur l'île, le banc de sablesable de la Frégate française, est menacé par la hausse du niveau de la mer. Il compte pourtant pour 90 % de la reproduction. « Les Hawaïens ont su cohabiter avec les sites de nidification des tortues vertes jusqu'au début du XXe siècle, lorsque les sites de nidification pouvaient encore être trouvés sur les principales îles hawaïennes », commente l'auteur John Kittinger.

    Peu à peu, la pêchepêche traditionnelle a régressé et le stock de tortues a chuté drastiquement. Les tortues ont été abattues sur les sites de nidification, l'habitat a été détruit et le braconnage des nids et des œufs a perduré jusqu'au début des années 1960. L'augmentation de l'abondance de la nidification des tortues est une avancée dans la conservation de l'espèce. Elle s'est produite malgré l'augmentation relativement récente des cas de fibropapillomatose, une maladie tumorale très répandue chez les tortues vertes qui résident à Hawaï. Mais avant de revenir aux quotas historiques, il y a encore du chemin à parcourir.