Les changements climatiques entraîneront des conséquences en cascade sur la production agricole et halieutique mondiale. Une équipe internationale, pilotée par le CNRS, et impliquant l'université de Montpellier, a cherché à évaluer la vulnérabilité de nos sociétés en associant des modèles climatiques à des données globales sur l’emploi, l’économie et la sécurité alimentaire.


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    Quel est l'impact, au niveau mondial, du changement climatique sur l'agriculture et la pêche ? Selon les résultats de cette collaboration, publiés le 27 novembre dans Science Advances, la quasi population mondiale pourrait être exposée à des baisses de productivité conjointes de l'agriculture et de la pêche s'il n'y a pas de réduction des émissionsémissions de gaz à effet de serre. En revanche, la plupart des pays pourrait limiter ces pertes en cas de réduction drastique de ces émissions, telle que celle fixée par l’Accord de Paris.

    Respecter l’accord de Paris limiterait les pertes de productivité pour la pêche et l’agriculture. © Pok Rie, Pexels.com
    Respecter l’accord de Paris limiterait les pertes de productivité pour la pêche et l’agriculture. © Pok Rie, Pexels.com

    Pêche et agriculture, deux secteurs clés de l'alimentation 

    En combinant des modèles climatiquesmodèles climatiques avec des données globales sur l'emploi, l'économie et la sécurité alimentaire, des scientifiques ont analysé l'impact du changement climatiquechangement climatique sur deux secteurs alimentaires clés : l'agriculture et de la pêche. Selon un scénario de non réduction des émissions de gaz à effet de serre, environ 90 % de la population humaine mondiale -- vivant pour la plupart dans les pays les plus vulnérables au changement climatique et les moins à même de s'y adapter --  devraient être exposés à une perte de productivité dans les secteurs clés de l'agriculture et de la pêche, tandis que moins de 3 % vivraient dans des régions enregistrant des gains de productivité simultanés d'ici 2100. Selon ce même scénario, les possibilités d'adaptation seraient extrêmement limitées : il serait impossible de compenser les effets sur la pêche en développant l’agriculture, ou vice versa, les deux secteurs étant tous deux fortement impactés.

    Vulnérabilité de l’agriculture et de la pêche maritime en fonction de l’exposition, de la sensibilité et de la capacité d’adaptation aux effets du changement climatique. Les 10 pays les plus vulnérables sont indiqués pour l'agriculture (A) et la pêche maritime (F). © CNRS
    Vulnérabilité de l’agriculture et de la pêche maritime en fonction de l’exposition, de la sensibilité et de la capacité d’adaptation aux effets du changement climatique. Les 10 pays les plus vulnérables sont indiqués pour l'agriculture (A) et la pêche maritime (F). © CNRS

    L'espoir d'adapter des stratégies pour les pays plus vulnérables

    En revanche, en cas de respect de l'Accord de Paris (qui implique une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre), les scientifiques en concluent que la plupart des pays -- à la fois les plus vulnérables mais également la majorité des pays parmi les plus émetteurs de gaz à effet de serre -- en sortiraient gagnants. En effet, bien que les pertes de productivité semblent inévitables dans de nombreux cas (60 % de la population seraient toujours touchés), leur ampleur serait considérablement amoindrie.

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    Pour les pays les plus vulnérables, les pertes de productivité seraient 4 à 5 fois moins importantes, ce qui faciliterait grandement la mise en place de stratégies d'adaptation : diversification des productions au sein d'un même secteur comme, par exemple, développer des variétés viables dans ce climatclimat du futur, ou bien se tourner vers un secteur peu touché, voire bénéficiaire de ces nouvelles conditions climatiques.

    Réduire la vulnérabilité des sociétés aux impacts futurs du changement climatique nécessite ainsi des actions d'atténuation rapides associées à une adaptation stratégique dans des régions où les impacts négatifs semblent inévitables.

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