Pour tenir l’objectif fixé par l’Accord de Paris sur le climat et atteindre le zéro émission nette d'émissions de carbone d’ici 2050, certains appellent à la décroissance. Mais des chercheurs assurent aujourd’hui qu’il reste possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C en 2100 dans un monde en croissance économique continue. Voici comment.


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    Pour lutter contre le réchauffement climatique et atteindre l'objectif de zéro émissionémission nette, certains prétendent qu'il n'y aura finalement pas d'autre voie possible que celle de la décroissance. Mais des chercheurs de l’University College London (Royaume-Uni) se veulent aujourd'hui rassurants à ce sujet. Selon eux, les pays pourront tout à fait ramener leurs émissions de gaz à effet de serre à zéro d'ici 2050 tout en maintenant la croissance économique.

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    Les chercheurs, Paul Ekins -- un professeur en politique environnementale, docteur en économie et membre du Panel de l'Organisation des Nations unies (ONU) expert sur les ressources -- en tête, ont étudié des systèmes énergétiques et des modèles macroéconomiques. Leur objectif : savoir si les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat peuvent être atteints dans un monde en croissance économique continue jusqu'en 2100.

    Les chercheurs notent, en premier lieu, que déjà, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de l'Union européenne ont baissé de 25 % depuis 1990. Alors même que l'économie bondissait de 50 %. Un premier indice que réduction des émissions de gaz à effet de serre et croissance économique peuvent aller de pair.

    Compter sur des politiques environnementales fortes

    Pour comprendre comment les choses pourraient évoluer dans le futur, les chercheurs ont modélisé plusieurs scénarios. Ils ont parié sur un ralentissement de la croissance de la demande mondiale en énergie primaire. Celle-ci finissant en 2100 à seulement 30 % de plus qu'en 2020. Les chercheurs ont aussi modélisé le déploiement de technologies renouvelables nécessaires à décarboner la production d'électricité tout en produisant sept fois plus que la consommation de 2010. Ils se sont posé la question du remplacement des combustibles fossiles dans les transports, le chauffage et certains procédés industriels. Enfin, ils ont compté sur le déploiement de technologies de captage et de stockage du carbonecarbone et une réduction de l'usage du charboncharbon au même rythme que celui observé aux États-Unis ces dernières années.

    Le scénario « moyen » donne une croissance économique après 2020 qui passe de 3,5 % à un peu plus de 1 % en 2100. Une baisse principalement due à la stabilisation de la population mondiale. La croissance par habitant diminue environ de moitié au cours de ces 80 années à mesure que la croissance des investissements -- des investissements essentiels à la décarbonation -- ralentit, en grande partie après 2040. Le taux de croissance annuel moyen sur la période 2020-2100 compatible avec un système énergétique qui atteint 1,5 °C en 2100 -- il faudra tout de même passer un pic à 1,87 °C entre 2050 et 2060 -- est de 1,76 %. En 2100, l'économie mondiale est cinq fois plus importante qu'en 2015.

    Le saviez-vous ?

    Selon les travaux des chercheurs de l’University College London (Royaume-Uni), le charbon se présente comme un élément clé de réussite en matière de limitation du réchauffement climatique. Si son usage se réduit plus lentement — qu’au rythme adopté par les États-Unis ces dernières années — il faudra, pour garder le cap, recourir en masse à des technologies de captage et de stockage de carbone.

    Les chercheurs concluent que l'objectif de l'Accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5 °C en 2100 reste atteignable. Même dans un monde en croissance économique. À condition que les efforts et les investissements soient intensifiés en matièrematière d'efficacité énergétique et de déploiement rapide de technologies à faible émission de carbone ou même à émissions négatives. Le tout dans un monde qui coopère et s'accorde sur une politique environnementale forte et une croissance démographique faible.