La Camargue est un paradis sauvage qui fait partie des grandes réserves naturelles d’Europe. Mais cette terre sauvage située entre le Gard et les Bouches-du-Rhône, plus grande zone humide de France, est désormais menacée par la hausse du niveau de la mer.


au sommaire


    Huit milieux naturels différents sont présents en Camargue, avec des écosystèmes variés : marais, pâturages, côtes maritimes, lagunes ou encore terres arables. Plus de 1 600 espèces y vivent, parmi lesquelles des mammifères, de nombreux oiseaux, des amphibiens, des reptilesreptiles, etc. Mais toute cette vie sauvage pourrait bien se retrouver engloutie sous les eaux en raison du réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Une équipe de scientifiques coordonnée par le Centre d'écologieécologie et des sciences de la conservation (Muséum national d'Histoire naturelleMuséum national d'Histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université) et l'institut de recherche pour la conservation des zones humideszones humides méditerranéennes de la Tour du Valat, a publié une nouvelle étude inquiétante dans la revue Conservation Biology.

    34 % des sites naturels du bassin méditerranéens vont disparaître 

    Les zones humides méditerranéennes sont particulièrement fragiles : elles ont déjà perdu 70 % de leurs écosystèmes et biodiversitébiodiversité depuis 1900 et 35 % depuis 1970, selon WWFWWF en raison de causes variées dont l'urbanisation - donc les activités humaines - et le réchauffement climatique - lié aussi aux activités humaines. L'impact de ce dernier sur la biodiversité du bassin méditerranéen sera catastrophique dans les prochaines décennies.

    Les chercheurs ont étudié 938 zones humides côtières fréquentées par les oiseaux dans huit pays du pourtour méditerranéen importantes. D'ici 2100, si les scénarios climatiques du Giec se confirment, « plus de 320 zones humides côtières (soit près d'un tiers de celles étudiées) sont menacées par la hausse du niveau marin à venir, y compris dans les scénarios climatiques les plus optimistes », précise le communiqué du Muséum national d’histoire naturelle.

    Les conséquences de sept scénarios climatiques ont effectivement été étudiées, du plus pessimiste au plus optimiste : le niveau de la mer Méditerranéemer Méditerranée gagnera entre 44 et 161 centimètres d'ici 2100. D'une manière générale, 34 % des sites méditerranéens sont menacés de disparaître sous les eaux et en particulier ceux fréquentés par les oiseaux migrateursmigrateurs.

     Les zones humides de Méditerranée menacées par la submersion d'ici 2100 : les côtes de France sont concernées par un risque de submersion compris entre 75 et 100 % ! © Fabien Verniest
     Les zones humides de Méditerranée menacées par la submersion d'ici 2100 : les côtes de France sont concernées par un risque de submersion compris entre 75 et 100 % ! © Fabien Verniest

    La Camargue et son célèbre flamand rose en danger 

    Parmi les plus exposés au risque de submersionsubmersion marine, « figurent les zones humides considérées comme d'importance internationale pour les oiseaux d'eau et celles bénéficiant d'un statut de protection ». La submersion des terres de la Camargue devrait s'étaler sur une surface de terres « équivalente à quatre fois la superficie de Paris ». Les oiseaux du littoral seront particulièrement touchés, comme l'emblème de la Camargue, le Flamant rose (Phoenicopterus roseus)).

    Les populations de flamands roses risquent de s'effondrer si une grande partie de la Camargue disparaît. © gayulo, Pixabay
    Les populations de flamands roses risquent de s'effondrer si une grande partie de la Camargue disparaît. © gayulo, Pixabay

    Est-il encore possible d'arrêter la catastrophe en cours ? Difficilement, mais la progression de celle-ci peut être freinée par la baisse des émissionsémissions des gaz à effet de serregaz à effet de serre. Les chercheurs estiment qu'il est également nécessaire de mettre en place, et au plus vite, des solutions fondées sur la nature : différentes techniques naturelles, qui utilisent notamment la végétation, peuvent permettre d'atténuer l'impact de la montée des eaux. Cela passe en priorité par la restauration des zones humides côtières dégradées par les aménagements humains.