Une fois franchi un certain seuil de réchauffement climatique, le pergélisol se mettra à fondre brutalement. C’est l’image du point de basculement mondial que certains scientifiques ont construite. Mais une équipe internationale suggère aujourd’hui que les choses pourraient se passer différemment. Derrière le dégel du pergélisol se cacherait un grand nombre de points de basculement.


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    Le pergélisol. C'est ainsi que les scientifiques appellent les sols de notre Planète qui restent en permanence gelés. Mais bientôt, nous devrons peut-être employer le verbe au passé pour parler, dans un monde qui subit le réchauffement climatique anthropique, de sols qui restaient en permanence gelés. Et les chercheurs s'en inquiètent. Certains envisagent en effet assez facilement le dégel du pergélisol comme l'un de ces points de basculement - encore qualifiés de point de non-retour - du système Terre. L'un de ces éléments qui, une fois que le réchauffement climatique atteint un certain niveau, s'effondrent soudainement et à l'échelle mondiale.

    Image du site Futura Sciences
    Des chercheurs du Centre Helmholtz de recherche polaire et marine (AWI) de l’Institut Alfred Wegener (Allemagne) ont mené des travaux sur la fonte du pergélisol dans l’ouest de l’Arctique canadien. Ici, les falaises érodées de l’île Herschel. © Boris Radosavljevic, Alfred Wegener Institute

    Désamorcer la bombe à retardement du dégel du pergélisol

    Rappelons en effet que le pergélisol - qui ne représente pas moins du quart de la massemasse continentale de notre hémisphère Nord - stocke d'énormes quantités de carbonecarbone sous forme de matièrematière végétale morte. Son dégel permettra aux micro-organismesmicro-organismes de s'y attaquer et libérera ainsi beaucoup de dioxyde de carbone (CO2)) et de méthane (CH4) dans notre atmosphèreatmosphère. De quoi aggraver considérablement le réchauffement climatique.

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    Le pergélisol est plus proche du point de non-retour qu’on ne le pensait !

    Dans la revue Nature Climate Change, des chercheurs du Centre Helmholtz de recherche polaire et marine (AWI) de l'Institut Alfred WegenerAlfred Wegener (Allemagne) confirment que des processus autoentretenus de dégel du pergélisol à la fois géologiques, hydrologiques et physiquesphysiques vont s'amplifier dans les années à venir. Et pour certains, devenir irréversibles. Mais les chercheurs en livrent aujourd'hui une image très différente. Selon eux, il faut dire adieu à l'idée de l'existence d'un point de basculement mondial unique. Et imaginer, en lieu et place, de nombreux phénomènes locaux et régionaux, qui « basculent » à des moments différents, produisant des effets cumulatifs et provoquant le dégel du pergélisol au rythme du changement climatique.

    Des points de basculement peut-être encore plus inquiétants

    Comprenez que nous devons non pas nous attendre à un dégel progressif du pergélisol puis à son effondrementeffondrement brutal, mais à un dégel qui s'accélère au fil des années. Jusqu'à devenir total si le réchauffement climatique atteint les 5 ou 6 °C au-dessus des moyennes préindustrielles. Et ce, à un niveau régional. Ainsi, certaines zones pourraient très bientôt être concernées. En d'autres termes, il n'existe pas de marge de sécurité en matière de réchauffement - ​​comme le suggère l'image du point de basculement mondial - que nous pouvons encore exploiter tant que nous ne dépassons pas la valeur seuil. Ainsi, plus tôt l'humanité parviendra au zéro émission nette, plus les régions qui pourront être préservées en tant qu'habitats uniques et précieux réservoirs de carbone seront nombreuses.