Une équipe de chercheurs canadiens et américains est parvenue à dater directement pour la première fois un os de dinosaure. Bien que compatible avec une disparition complète des dinosaures lors de la crise KT, la datation absolue mesurée ouvre la porte à l'hypothèse de la survie momentanée de quelques espèces.

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    Les datations les plus récentes de la fameuse crise KT, à l'interface entre le Crétacé et le Tertiaire, donnent un âge de 65,5 ± 0,3 millions d'années. Bien que le volcanisme du Deccan en Inde ait certainement joué un rôle dans la disparition de bien des espèces à ce moment-là, comme les ammonites et les ptérosaures, il semble bel et bien que ce soit l'impact d'un fragment d'astéroïdeastéroïde issu de Baptistina 298 qui soit la cause principale de cette grande crise biologiquecrise biologique.

    Toutefois, depuis longtemps, certains os de dinosaures avaient été retrouvés dans des couches de sédiments plus jeunes que celle délimitant la séparationséparation du Crétacé et du Tertiaire. Cela laissait entendre que les dinosaures pouvaient avoir disparu graduellement, ou pour le moins que certaines espèces avaient momentanément survécu au goulot d'étranglementgoulot d'étranglement ayant frappé la biosphèrebiosphère à ce moment et ayant conduit à la disparition des dinosaures non aviensdinosaures non aviens.

    Pour la plupart des paléontologuespaléontologues, les os ainsi retrouvés sont bien antérieurs à la crise KT. Il s'agissait simplement de fossilesfossiles provenant de vieux sédiments remaniés par des rivières ou d'autres causes et qui se sont retrouvés piégés dans des couches plus récentes. La seule façon de couper court aux débats aurait été de dater directement ces os.

    Or, dans le cas de fossiles aussi anciens, des méthodes comme celle du carbonecarbone 14 ne fonctionnent pas, ce qui impose des datations relativesdatations relatives et indirectes portant sur les sédiments renfermant les fossiles. L'un des principes de base de cette datation est que les couches les plus jeunes se sont déposées sur les couches les plus anciennes.

    La mémoire du plomb révélée par le laser

    Larry Heaman, de l'Université de l'Alberta, vient pourtant de réussir avec ses collègues à mettre en œuvre une technique de géochronologie U-Pb par ablation laser. Elle repose sur la mesure des rapports isotopiques d'atomesatomes d'uraniumuranium et de plombplomb. Les premiers se trouvent piégés dans un os en cours de fossilisationfossilisation et se désintègrent ensuite en isotopeisotope du plomb. Plus la fossilisation de l'os est ancienne, plus les atomes de plomb sont nombreux.

    Les chercheurs ont ainsi daté directement pour la première fois un os de dinosaure. Il s'agissait d'un fragment de fémurfémur d'un hadrosaure, un dinosaure herbivoreherbivore. L'os retrouvé a un âge absolu de 64,8 ± 0,9 millions d'années, ce qui est parfaitement compatible avec les 65,5 ± 0,3 millions d'années estimés pour la crise KT. Sauf qu'il a été retrouvé dans une couche datant clairement du Tertiaire d'après les estimations provenant de la palynologiepalynologie, les données paléomagnétiques et les fossiles de mammifèresmammifères trouvés...

    Des dinosaures au Tertiaire ?

    Si d'autres fossiles du même genre devaient être retrouvés, avec des datations moins compatibles avec celle de la crise KT en raison de la réduction des barres d'erreurs, il faudrait en conclure que certaines espèces de dinosaures ont effectivement survécu pendant quelques dizaines à quelques centaines de milliers d'années, peut-être, à cette crise.

    On n'en est pas encore là, mais on pourrait être contraint de repenser en partie ce qui s'est passé à cette époque, par exemple en réévaluant la capacité des œufs de dinosaures à survivre à des conditions critiques ou l'ampleur de la dévastation de la végétation. Certaines zones géographiques ont peut-être été partiellement épargnées.