Alors que la véritable grotte Cosquer se trouve engloutie sous les eaux près de Marseille, sa reconstitution s'apprête à ouvrir ses portes, fruit de six ans de travail.


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    En 1985, le plongeur professionnel Henri Cosquer découvre une grotte sous-marine, à 37 mètres de profondeur dans la calanque de la Triperie au Cap Morgiou, près de Marseille. Celle-ci semble recouverte de peintures rupestres et de gravuresgravures multiples. Quelque sept ans et de nombreuses explorations plus tard, la grotte est nommée en l'honneur de son découvreur, puis classée au titre des monuments historiques : elle a bien été habitée des milliers d'années auparavant.

    Débute alors un long périple de 30 ans d'études pour reconstituer l'histoire qui a forgé cette caverne mystérieuse. Si elle est aujourd'hui inaccessible car engloutie sous les eaux de la mer Méditerranée, quelques dizaines de milliers d'années en arrière, il n'en était rien.

    Une occupation qui a débuté il y a presque 30.000 ans

    Tout commence 27.000 ans auparavant, durant le Paléolithique supérieur. Le niveau de la mer est bien plus bas qu'aujourd'hui, et la grotte Cosquer est investie par des humains qui la recouvrent de peintures et autres œuvres d'art : empreintes de mains, signes géométriques gravés ou peints, mais surtout des dessins d'animaux. Au total, ce sont plus de 500 représentations d'art préhistorique qui ornent la grotte Cosquer.

    Parmi les onze espèces qui ont été représentées, le bison apparaît plus d'une dizaine de fois. Le cheval est l'animal le plus représenté avec 63 exemplaires. S'ajoutent pour la première fois dans l'art pariétal du Paléolithique, des animaux marins : pingouin, poisson, phoque et méduse. © Luc Vanrell, ministère de la Culture
    Parmi les onze espèces qui ont été représentées, le bison apparaît plus d'une dizaine de fois. Le cheval est l'animal le plus représenté avec 63 exemplaires. S'ajoutent pour la première fois dans l'art pariétal du Paléolithique, des animaux marins : pingouin, poisson, phoque et méduse. © Luc Vanrell, ministère de la Culture

    D'après les nombreuses fouilles et études qui ont suivi, l'Homme a fréquenté la grotte Cosquer durant deux périodes, l'une il y a 27.000 ans et l'autre, il y a 19.000 ans. Les empreintes de mains dateraient de la première occupation, tandis que les divers dessins de la seconde. Le niveau de la mer était situé 120 mètres plus bas que le niveau d'aujourd'hui, et le rivage se trouvait à environ 6 kilomètres de la limite actuelle.

    La grotte Cosquer est vouée à disparaître

    Mais aujourd'hui, la grotte n'est accessible qu'en suivant un long tunnel de 150 m, situé sous les eaux à 35 mètres de profondeur. Ceci en raison de l'élévation du niveau de la mer qui s'est produit il y a environ 10.000 ans lors de la fin de la dernière ère glaciaire et qui a marqué le début de l'Holocène, au point d'immerger plus des trois quarts de ce refuge d'art préhistorique. Cette montée des eaux continue encore aujourd'hui, d'environ 3 mm par an. La partie restant hors de l'eau sera bientôt immergée à son tour, d'où l'urgence d'en faire une restitution avant qu'il ne soit trop tard.

    Celle-ci pourra être visitée à la Villa Méditerranée dès le 4 juin, près du vieux port de Marseille. En plus d'une reconstitution de la grotte elle-même, se trouveront des répliques d'animaux, préhistoriques et actuels, à taille réelle, et de nombreux autres modules scientifiques. À découvrir !

    Bientôt, la grotte Cosquer, ici représentée avec son découvreur Henri Cosquer, sera engloutie. © A.Chéné, Fonds Drassm, CCJ, CNRS
    Bientôt, la grotte Cosquer, ici représentée avec son découvreur Henri Cosquer, sera engloutie. © A.Chéné, Fonds Drassm, CCJ, CNRS

    La Grotte Cosquer fait surface : à Marseille des spécialistes l'ont reproduite à l’identique. © France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur