Dans le nord du pays, si ce printemps 2023 est l'un des plus verts de ces dernières années avec une végétation foisonnante, dans le sud-est, la situation au niveau des sols est bien différente. Depuis le début de l'année, les pluies semblent soigneusement éviter le pourtour méditerranéen. Comment l'expliquer ?


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    Pour la majorité des Français, la sécheresse des sols n'est plus qu'une histoire ancienne. Après un hiver très sec sur la France entière, le printemps 2023 a renversé la situation, mais pas partout. La sécheresse de surface a en effet disparu de 95 % du pays, mais dans les Pyrénées-Orientales, l'Hérault, l'Aude, les Bouches-du-Rhône, les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence, les sols restent désespérément secs. Pourquoi ?

    Au 16 mai, seul le pourtour méditerranéen reste concerné par la sécheresse de surface. Elle atteint un niveau classé « extrême » sur les Pyrénées-Orientales. © Windy
    Au 16 mai, seul le pourtour méditerranéen reste concerné par la sécheresse de surface. Elle atteint un niveau classé « extrême » sur les Pyrénées-Orientales. © Windy

    Le mois de mai a été marqué par un flux d'ouest persistant

    Ces 15 premiers jours de mai ont été marqués par de fortes disparités en ce qui concerne les pluies. Dans le sud-est, on relève :

    • 3 mm à Marseille ;
    • 5 mm à Avignon ;
    • 9 mm à Perpignan.

    Alors qu'au nord, les précipitations sont déjà au-dessus de la normale jusqu'au 15 mai :

    • 73 mm à Roissy ;
    • 72 mm à Saint-Quentin (Aisne) ;
    • 70 mm à Brest.

    Les pluies ont aussi bien arrosé le sud-ouest, notamment les Pyrénées et le Piémont. Il n'y a vraiment que le pourtour méditerranéen qui reste à l'écart des précipitations majeures depuis le début de l'année. Ces dernières semaines, le contrastecontraste n'a fait que s'accentuer pour donner lieu à une situation historique. Depuis début mai, un flux d'ouest vigoureux s'est mis en place sur la France, avec des perturbations qui proviennent sans cesse de l'Atlantique : dans ce contexte météométéo, ce sont à chaque fois les régions du nord de la France qui bénéficient des pluies. Lorsque le flux a ensuite tourné au nord-ouest, les pluies se sont bloquées sur les Pyrénées, arrosant, entre autres, copieusement Biarritz (70 mm jusqu'à mi-mai). La Méditerranée n'a essuyé que quelques orages ponctuels, sans pluie significative. Si, en mai 2022, ce sont les blocages anticycloniques généralisés qui faisaient l'actualité, en mai 2023, il est presque possible de parler de « blocages de flux d'ouest », tant la situation s'est répétée de semaine en semaine.  

    Des disparités carrément extrêmes depuis le début de l'année

    En prenant un peu de recul, la situation apparaît encore plus contrastée : le déficit de précipitations est extrême sur les régions méditerranéennes depuis le 1er janvier, tandis que les grandes villes du nord ont été « anormalement » arrosées :

    • 26 mm à Marseille (contre une normale de 175 mm) ;
    • 94 mm à Perpignan (contre une normale de 239 mm) ;
    • 261 mm à Roissy (contre une normale de 233 mm) ;
    • 268 mm à Saint-Quentin, Aisne (contre une normale de 222 mm) ;
    • 509 mm à Brest (contre une normale de 469 mm).

    À Perpignan, le déficit de précipitations sur une année glissante atteint même un niveau record depuis le début des relevés dans les années 1920.

    Un changement en cours, mais pas de véritable amélioration

    La contexte météo est enfin en train de changer cette semaine, avec le passage de gouttes froides entre l'Espagne et la Méditerranée. Ces dépressions d'airair froid vont apporter des averses sur les régions qui en ont besoin, mais de manière très éparse et toujours insuffisante. Aucune véritable dégradation pluvieuse n'est donc prévue, à ce jour, sur les zones desséchées de la Méditerranée. Un scénario météo qui semble exactement suivre les prévisions climatiques du Giec, avec une accentuation de la sécheresse dans le sud-est de la France au cours des prochaines décennies.