Aux États-Unis, en Floride, des inventeurs mettent au point une machine à tuer les rascasses, plus précisément les poissons-lions, ou rascasses volantes. Ces carnassiers sont devenus de redoutables envahisseurs dans les Caraïbes et une cousine fait parler d'elle en Méditerranée. L'Homme doit-il créer des prédateurs artificiels ?
Devant l'invasion des côtes de Floride, des Bahamas et du golfe du Mexique par deux espèces de rascasses volantes, ou poissons-lions (Pterois volitans et P. miles), des amoureux de la mer ont lancé le projet Rise (Robots in service of the environment). L'idée est de mettre au point une arme fatale contre ces carnivores à l'appétit vorace qui déciment les récifs depuis leur introduction accidentelle dans les eaux atlantiques à partir, peut-être, du milieu des années 1980.
L'équipe travaille sur un système d'électrocution. Au bout du générateur, deux plaques sont portées par une longue perche. Un plongeur s'approche du poisson, qui bouge peu, préférant attendre ses proies, qu'il gobe. Il suffit alors d'amener ces plaques de part et d'autre de la rascasse et d'appuyer sur le bouton. La conductivité électrique de l'eau de mer permet le passage d'un courant de forte intensité, qui tue le scorpénidé. Le poisson est installé dans une boîte tubulaire et la récolte servira aux restaurants locaux, expliquent les créateurs du projet Rise. Des essais ont eu lieu en aquarium et ont commencé en mer en ce mois de septembre 2016. Ces chasseurs d'un nouveau genre promettent d'étudier un robot autonome avec un système de reconnaissance visuelle. Ces Pterois auront alors un nouveau prédateur, ce dont elles manquent aujourd'hui.
En Méditerranée, c'est Pterois miles, venue de la mer Rouge, qui devient préoccupante car elle semble se répandre. Des robots de ce genre viendront-ils pêcher ces rascasses envahissantes pour le plus grand plaisir des amateurs de bouillabaisse ?
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Article initial de Jean-Luc Goudet paru le 01/07/2016 à 11:26
Observée à Chypre et en Turquie dans des aires protégées, la rascasse volante, alias le poisson-lion, confirme qu'elle est bien une espèce invasive, venue de l'océan Indien, à l'instar de sa cousine du Pacifique, qui a déjà envahi les Caraïbes. Prédatrice et dangereusement venimeuse, elle commence à inquiéter.
Avec sa robe à rayures et ses longues nageoires multicolores ondulant dans le courant, elle est superbe et mérite ses surnoms, poisson-lion ou rascasse volante. Il vaut mieux éviter de la toucher cependant, car c'est bien une rascasse et, comme ses cousines, les épines de sa nageoire dorsale sont creuses et emplies d'un venin puissant, mortel pour les petits animaux et très dangereux pour les grands, Homme compris. Sa piqûre est douloureuse et peut entraîner de fortes réactions allergiques.
Les Méditerranéens habitués des vives et des rascasses locales doivent se méfier car cette gracieuse nouvelle venue dispose d'autres épines venimeuses sur les nageoires pelviennes (à l'avant et dessous, de chaque côté) et anale (à l'arrière, dessous). En effet, la présence de Pterois miles en Méditerranée est récente. Venue de l'océan Indien par la mer Rouge et le canal de Suez, l'espèce se répand sur toutes les côtes depuis plusieurs années.
Ce poisson corallien est un prédateur opportuniste, vivant plutôt à faible profondeur, qui mange les petits poissons et les crustacés. C'est une véritable espèce invasive, comme sa cousine de l'océan Pacifique, Pterois volitans, accidentellement introduite au large de la Floride dans les années 1990, sans doute libérée de grands aquariums ou volontairement remise à l'eau par des aquariophiles dépassés par ce scorpénidé difficile à vivre. En 2013, nous rapportions une étude sous-marine de l'université d'État d'Oregon qui avait observé ces rascasses volantes en grand nombre, jusqu'à 100 m de profondeur, avec des individus dépassant les 40 cm.
Un prédateur vorace et peu chassé
L'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) vient d'annoncer l'observation, grâce à la campagne de suivi d'espèces exotiques MedMis, de P. miles dans deux aires marines protégées de l'est de la Méditerranée, Cap Greco (à Chypre) et Kas-Kekova, sur la côte sud de la Turquie, non loin d'Antalya. L'espèce, rapporte le communiqué, a été vue pour la première fois en Méditerranée dans la baie d'Haïfa, en Israël, en 1991, puis au Liban et à Chypre en 2012 et 2013, respectivement. L'observation de poissons-lions près de Kekova, au nord-ouest de Chypre, n'est donc pas une grande surprise mais elle confirme que cette rascasse poursuit sa progression vers le nord dans le bassin oriental de la Méditerranée.
Carlos Jiménez, du Cyprus Institute, cité dans le communiqué de l’IUCN, affirme que « cette espèce peut entraîner un impact négatif considérable, aussi bien sur les écosystèmes que sur les économies locales ». Dans les Caraïbes, la rascasse volante a effet déjà eu un effet significatif sur les populations locales de poissons et sur la pêche. Les études dans cette région ont souligné que peu de prédateurs s'en prennent à ce nouveau venu venimeux.
Quant aux baigneurs et aux plongeurs, ils risquent d'être découragés. Pour l'instant, la seule option pour réduire les populations de poissons-lions est apparemment la pêche et la consommation. La bouillabaisse sauvera-t-elle la tranquillité de nos plages ?
La posidonie, le jardin de la Méditerranée La posidonie, ou Posidonia oceanica, tire son nom de Poséidon, dieu grec de la mer. Elle pousse sur les fonds entre la surface et 40 m de profondeur, et forme de vastes herbiers qui constituent l’écosystème majeur de la Méditerranée. Ces herbiers sont un lieu de frai et de « nurserie » pour de nombreuses espèces animales, et représentent une source de nourriture pour d’autres. La posidonie permet aussi de fixer les fonds marins grâce à l’entrelacement de ses rhizomes. Ceux-ci s’empilent d’une année sur l’autre, et contribuent à augmenter progressivement le niveau du fond (environ un mètre par siècle). Malheureusement, cette plante est aujourd’hui menacée par la pollution des rivages. © Nicolas Barraqué
Le spirographe, un ver à panache Le spirographe, ou Sabella spallanzanii, est le plus grand ver tubicole de Méditerranée. Il peut atteindre 40 cm de long. Son corps est situé dans un tube mou composé de mucus et de sable. Depuis la bouche de l’animal, de nombreux filaments colorés se déploient en couronne tentaculaire d’un diamètre de 10 à 15 cm. Dès que l’on s’approche de lui, il se rétracte pour ne ressortir que quelques minutes plus tard. Il se nourrit du plancton porté par les courants qu’il filtre avec son panache. On le rencontre jusqu’à 40 m de fond. © Nicolas Barraqué
Des gorgones rouges étincelantes Les gorgones rouges, ou Paramuricea clavata, se rencontrent de 20 à 100 m de profondeur. Souvent fixées sur les tombants, les ramifications colonisées de polypes filtrent l’eau au gré du courant pour capturer les micro-organismes en suspension. En juin et en juillet, quand la température augmente et en synchronisation avec la pleine lune, les colonies femelles relâchent les œufs dans un mucus. © Nicolas Barraqué
La langouste aux longues antennes Les langoustes forment la famille des palinuridés. Ce sont de grands crustacés décapodes caractérisés par un corps allongé, de longues antennes épineuses et l’absence de pinces. Les langoustes fréquentent en général les fonds rocheux, où elles peuvent trouver des abris. Elles se meuvent en marchant à l’aide de leurs pattes, mais peuvent aussi nager en se propulsant en arrière par de violentes contractions de l’abdomen. © Nicolas Barraqué
La girelle-paon multicolore La girelle-paon, ou Thalassoma pavo, est un poisson aux couleurs éclatantes. Elle possède un museau pointu, de grandes lèvres et une queue en forme de lyre. Son corps allongé prend différentes couleurs. Chez la femelle, le dos est jaune orangé avec une tache noire, et est hachuré de quatre à six bandes bleu ciel. Le ventre est jaune vif. Chez le mâle, le corps est plutôt vert, avec une large bande transversale bleue et mauve. Cette espèce évolue en groupe ou seule sur les fonds rocheux, les tombants et parfois dans les herbiers. © Nicolas Barraqué
L’oursin, le hérisson des mers Les oursins se déplacent lentement en utilisant leurs épines mobiles et leurs podia, des petits tubes situés entre les épines, remplis d’eau et qui font ventouse à leur extrémité. Ils raclent et déchiquettent les végétaux qui tapissent le fond de la mer à l’aide de leur bouche munie de mâchoires spéciales. Cet appareil masticateur, également appelé lanterne d’Aristote, est composé de cinq dents capables de creuser une roche tendre. © Nicolas Barraqué
La baudroie, spécialiste du camouflage La baudroie peut atteindre deux mètres de long, et est une spécialiste du camouflage. Son énorme tête est surmontée d’un leurre pour attirer ses proies. Ce poisson est parfois également appelé lotte, mais ne doit pas être confondu avec la lotte de rivière. © Nicolas Barraqué
Le poulpe joueur Le poulpe commun, ou Octopus vulgaris, est un animal assez répandu dans la baie de Saint-Raphaël. Il peut atteindre un mètre, voire le double lorsqu’il déploie ses tentacules, mais les plongeurs de Méditerranée croisent plutôt des individus de 30 cm de long. Le poulpe commun peut se promener jusqu’à 100 m de fond. © Nicolas Barraqué
Un bouquet d’anémones jaunes L’anémone jaune, ou Parazoanthus axinellae, est une espèce d’anémones de mer qui forme des colonies. Les polypes mesurent de l’ordre du centimètre et peuvent recouvrir plusieurs décimètres carrés. Cette anémone tire son nom du fait qu’elle peut vivre fixée sur les spongiaires Axinella. Cette interaction lui est bénéfique, mais elle est neutre pour son hôte. © Nicolas Barraqué
La grande rascasse rouge, un poisson nocturne Le chapon, encore appelé grande rascasse rouge ou Scorpaena scrofa, peut atteindre 40 cm de long. Il vit dans la roche, où il reste immobile et camouflé grâce à son mimétisme. Les chapons sont toujours prêts à saisir une proie qui passe trop près de leur grande bouche. Ils ont des périodes d’activité diurne avec peu de déplacements, mais sont plus actifs la nuit, au cours de laquelle ils absorbent le maximum de leur nourriture. © Nicolas Barraqué
La murène, un serpent-poisson La murène commune, ou Muraena helena, est reconnaissable à son long corps serpentiforme, pouvant atteindre 1,5 m. Elle est généralement de couleur brun violacé avec des marbrures blanches et jaunes, ne possède pas d’écailles et est recouverte d’un mucus. Elle n’a pas de nageoires pelviennes et ventrales. Ses nageoires anales et dorsales se sont transformées en une longue nageoire caudale. © Nicolas Barraqué
Les clochettes des clavelines Une colonie de clavelines ressemble à un véritable bouquet de clochettes transparentes et gélatineuses. Les individus, bien que de petite taille et rassemblés à la base, se distinguent aisément et mettent à nu leurs organes internes. Ils se développent sur des substrats rocheux, comme les parois, les pierres ou les coquilles. © Nicolas Barraqué
La mystérieuse île d’Or Située à l’est de Saint-Raphaël face au cap du Dramont, l’île d’Or bénéficie de fonds sous-marins exceptionnels. Cet îlot, composé de rochers roux caractéristiques de l’Estérel, est surmonté d’une tour de style médiéval, mais moderne. Selon la légende, elle aurait inspiré Hergé pour l’album de Tintin L’île noire. © Nicolas Barraqué
Le cantonnement de pêche du cap Roux Dans un souci de protection de la zone marine du littoral, la prud’homie de pêche et la commune de Saint-Raphaël ont instauré un projet de cantonnement de pêche dans la zone du cap Roux, située à l’est de la ville de Saint-Raphaël. Dans le même temps, le Laboratoire environnement marin littoral de l’université de Nice-Sophia Antipolis a entrepris un suivi scientifique de ce cantonnement. Les premiers résultats sont très positifs. © Nicolas Barraqué