Les mégafeux ne font pas que brûler un espace forestier, ils sont capables de le transformer de manière durable. Leur action est si violente sur le sol et la biodiversité que ces incendies gigantesques peuvent carrément créer un nouvel écosystème, complètement différent de celui présent à l'origine.


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    Les mégafeux, comme ceux que connaît le Canada depuis le début de l'été, sont des incendies gigantesques, incontrôlables, et capables de durer des mois.  Si les feux plus modérés peuvent être bénéfiques à la régénération de la nature lorsqu'ils sont d'origine naturelle, les mégafeux ont une propagation si rapide et si vaste qu'ils dévastent tout sur leur passage : animaux, plantes, et sol.

    Les sols absorbent moins bien la pluie, car la végétation a complètement disparu, contrairement aux feux classiques qui permettent à certaines espèces de survivre ou de se régénérer. Et comme ces sols sont plus secs, la repousse des végétaux se fait beaucoup plus lentement. Lors de fortes pluies, ces sols nus sont propices aux inondations éclairs. Ces crues ultra-violentes que plus rien n'arrête sur de grandes distances transportent avec elles les sédiments, cendres et matièresmatières chimiques dans les rivières. Les sédiments nécessaires à la repousse des végétaux ne sont plus présents dans le sol et le risque de pollution chimiquepollution chimique des cours d'eau est réel.

    Les forêts changent de visage, et laissent place à une autre végétation

    La modification de la composition du sol modifie ensuite les espèces qui repoussent : au Canada, certaines forêts brûlées ont changé de visage. Les pins ont laissé place à l'herbe et aux peupliers. En Amazonie, les mégafeux ont conduit des forêts à disparaître, pour laisser place à la savane quelques dizaines d'années après. Le manque de nourriture pour les animaux sauvages, qui s'étale sur des centaines de kilomètres, compromet aussi la survie des individus restants.

    La fumée est de plus extrêmement nocive sur des centaines de kilomètres. Les grands incendies de tourbièrestourbières en Indonésie en 2015 ont affecté les orangs-outans qui se trouvaient pourtant en dehors de la zone affectée, avec des signes de faiblesse et de stressstress. La plupart des plantes sont également très sensibles à la pollution, et l'effet de la fumée sur les végétaux commence à peine à être étudié. Côté météométéo, l'impact des mégafeux peut également jouer sur les températures : il est d'ailleurs probable que la fumée issue des incendies canadiens en 2023 ait pu contribuer à la hausse des températures mondiales de 2023.