Contrairement aux idées reçues, les éléphants élevés dans les zoos ne sont pas plus obèses que ceux dans la nature. Ils ont même moins de masse graisseuse que nous proportionnellement !


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    L'éléphant est le plus gros animal terrestre vivant. Un individu pèse en moyenne 4 à 7 tonnes et le record appartient à un éléphant mâle tué en 1955 en Angola et qui pesait 12 tonnes. Pourtant, les éléphants ont proportionnellement moins de massemasse graisseuse que nous, révèle une nouvelle étude parue dans le Journal of Experimental Biology. Les chercheurs ont nourri 46 éléphants d'Asie, mâles et femelles, issus de neuf zoos avec du pain trempé dans de l'eau lourdeeau lourde (qui contient naturellement du deutérium, un isotopeisotope de l'hydrogènehydrogène qui permet de mesurer la quantité d'eau dans le corps). En calculant la teneur en eau et en graisse des animaux, ils ont établi que les mâles ont un taux de graisse de 8,5 % en moyenne et les femelles de 10 % en moyenne. Par comparaison, la masse graisseuse d'un humain est d'environ 6 à 31 %.

    Obésité chez les éléphants

    Ce résultat a surpris Daniella Chusyd, biologiste à l'université de l'Indiana et principale auteure de l'étude. En effet, les éléphants captifs ont longtemps été considérés comme en surpoidssurpoids. Leur faible taux de natalité suggérait en effet qu'ils pourraient être confrontés à une crise de fertilité, un phénomène connu chez les humains obèses. Les hommes en surpoids souffrent ainsi d'oligospermie (nombre anormalement bas de spermatozoïdesspermatozoïdes) et de dysfonction érectile tandis que les femmes obèses présentent un risque accru de syndrome des ovaires polykystiquessyndrome des ovaires polykystiques et d'anovulationanovulation. Les chercheurs ont donc vu dans la baisse de fertilité des éléphants captifs un parallèle avec les humains.

    Une étude de 2016 affirme également que 34 % des éléphants dans les zoos souffrent de surpoids, notamment en raison d'un manque d'activité et de la trop grande régularité des horaires auxquels la nourriture est distribuée. La plupart des études se fient toutefois à l'apparence visuelle ou au toucher pour évaluer la masse graisseuse, des indices peu fiables.

    Les éléphants dans les zoos ont une activité physique similaire à celles de leurs congénères en liberté. © Benjamin Ho, Flickr
    Les éléphants dans les zoos ont une activité physique similaire à celles de leurs congénères en liberté. © Benjamin Ho, Flickr

    Jusqu’à 2,8 km parcourus par heure

    En réalité, les éléphants vivant dans des enclos ne sont pas si inactifs que ça, indique la nouvelle étude. Les chercheurs ont équipé les éléphants de moniteursmoniteurs de fitnessfitness adaptés pour comptabiliser la distance parcourue. « Nous avons été surpris de constater que les éléphants captifs marchent entre 0,03 et 2,8 km par heure, une distance similaire à celle des animaux en liberté », note Daniella Chusyd. Autre idée battue en brèche : celle de la relation avec la fertilité. Les femelles stériles possèdent en effet les plus faibles niveaux de graisse. Les cycles de fertilité perturbés proviendraient donc davantage d'une insuffisance pondérale. En revanche, les éléphants les plus gras ont tendance à avoir des niveaux d'insulineinsuline plus élevés, ce qui pourrait être un signe de diabètediabète.

    En bonne forme mais… déprimés

    Les éléphants captifs ne sont peut-être pas davantage obèses que les éléphants en liberté, mais leur durée de vie est en revanche moindre lorsqu'ils sont mis dans les zoos après avoir été capturés dans la nature, selon une étude de 2018. Les éléphants placés dans les zoos vivent ainsi 7 ans de moins en moyenne que ceux qui naissent directement dans un zoo, et plus ils y arrivent tard, plus ils ont un risque de mortalité élevée. Or, 60 % des éléphants dans les zoos sont encore issus de captures. Faire les 400 pas dans un enclos améliore peut-être l'état de santé, mais ne contribue sans doute pas au bonheur.