Un rapport concluant 3 ans d’enquête éclaire sur la consommation de mammifères marins dans le monde. Les résultats sont surprenants. Les habitants d’un pays sur deux auraient mangé de la viande d’organismes marins à sang chaud depuis 1990. Les baleines ne seraient pas les seules victimes.

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    Il est régulièrement question du problème de la chasse à la baleine et ce sujet engendre beaucoup de conflits. Certains n'y voient aucun problème, ou l'acceptent si elle est encadrée, quand d'autres sont totalement contre. De véritables actions de guerre se déroulent parfois en mer entre les baleiniers et certaines organisations. 

    Quelles que soient les opinions, une question peut être posée : les baleines sont-elles les seuls mammifères marins à être mangés par l'Homme ? De même, la chasse à la baleine est souvent associée à des pays tels que le Japon, l'Islande, le Groenland ou la Norvège. Sont-ils vraiment les seuls à consommer des cétacés ?

    Martin D. Robards, de la Wildlife Conservation Society (WCS), et Randall R. Reeves, de l'Okapi Wildlife Associate, se sont intéressés à ces deux questions en réalisant une longue enquête (3 ans) qui couvre une période de 39 ans (1970-2009). Plus de 900 sources ont été consultées. Leurs résultats ont été publiés en décembre 2011 dans la revue Biological Conservation.

    Manger du cétacé ? Un phénomène mondial

    Depuis 1990, des mammifères marins auraient été consommés dans 114 pays. La répartition géographique du phénomène est donc mondiale. Quatre-vingt sept espèces sont concernées. Parmi les victimes, on retrouve de nombreux dauphins (dont le dauphin du Gange)), le marsouin de Burmeister, les otaries de Californieotaries de Californie, des lamantinslamantins, des dugongs et même l'ours polaire.

    Les mammifères marins consommés ne sont pas forcement chassés activement. Depuis les années 1970, les pêcheurs profitent de plus en plus des prises accidentelles. © Stahlkocher Licence de documentation libre GNU, version 1.2

    Les mammifères marins consommés ne sont pas forcement chassés activement. Depuis les années 1970, les pêcheurs profitent de plus en plus des prises accidentelles. © Stahlkocher Licence de documentation libre GNU, version 1.2

    Il apparaît que la chasse à la baleine ne concerne qu'une petite fraction de l'ensemble des espèces consommées. Pourtant, elle est encadrée par plusieurs organismes internationaux alors que le sort des cétacés de petites tailles fait l'objet de moins d'attention.

    Chasse à la baleine : l'importance du contexte socioéconomique

    Le rapport ne se limite pas à donner des chiffres. Le contexte socioéconomique des pays concernés joue un rôle considérable mais pas forcement prévisible. Certaines nations diminuent les quantités chassées au cours du temps lorsque les conditions de vie s'améliorent (évolutions politiques, écologiques ou sociales). À l'opposé, d'autres contrées profitent du développement de nouvelles technologies pour augmenter leur pressionpression sur les organismes aquatiques. Quoi qu'il en soit, la consommation de mammifères marins fournirait des avantages économiques à 54 pays.

    L'étude souligne que, depuis 1970, de plus en plus de petits cétacés capturés accidentellement ou volontairement dans des filets de pêchepêche sont également tués en vue d'être mangés ou vendus, principalement dans des pays pauvres où la nourriture se fait rare.

    Selon les auteurs, il faudrait maintenant rapidement comprendre les motivations liées à la consommation de cette viande dans de nombreux pays. Les résultats devraient être utilisés pour développer des mesures de gestion et de protection des cétacés, notamment en sensibilisant et en impliquant les populations locales. 

    De tels projets ont déjà été lancés par la Wildlife Conservation Society au Congo, au Gabon et à Madagascar.