Le comité scientifique de la CICTA, l'organisme international gérant les pêches mondiales de thonidés, préconise sans le dire vraiment une baisse drastique des prélèvements de thon rouge, une espèce menacée depuis des années.

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    Un marché au thon rouge, une viande riche et très appréciée des humains... © WWF

    Un marché au thon rouge, une viande riche et très appréciée des humains... © WWF

    Le quota de pêche mondial de thon rouge devrait en 2011 être descendu à 13.500 tonnes pour que la population de ce poisson puisse se reconstituer en 2022, du moins avec une probabilité de 63 % : c'est ce qu'affirme le dernier rapport du comité scientifique de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA).

    13.500 tonnes, c'est le quota mondial qui avait été arrêté par la CICTA en novembre 2009, donc pour l'année 2010, alors qu'il était auparavant de 22.000 tonnes. Mais il est bien difficile de savoir si les pays pêcheurs (chacun disposant d'un quota) ont bien respecté la limite imposée. Au mois de juin de cette année, la Commission européenne a décidé d'anticiper d'une semaine la fermeture de la pêche au thon rouge, le quota ayant déjà été atteint.

    Les pêcheurs français, relayés par le ministre concerné (Bruno Le Maire pour Agriculture et Pêche), affirmaient, eux, que leur quota n'avait pas encore été atteint. C'est qu'il est difficile de savoir quel est le montant des prises réelles. Mais on sait qu'elles sont largement supérieures aux quotas autorisés.

    Six mille tonnes par an pour le monde entier ?

    Ce quota de 13.500 tonnes, de plus, est le haut de la fourchette pour obtenir cette probabilité de 63 %. S'il est admis... et respecté, il y aurait donc au moins 3,7 chances sur 10 pour que les stocks de thon rouge (essentiellement Thunnus thynnus) ne puissent se reconstituer que bien plus tard.

    Pour atteindre une probabilité de 100 %, il faudrait réduire les prises à 6.000 tonnes par an. Pour les pêcheurs, elle serait extrêmement faible et conduirait peu ou prou à la fin de leur activité. Pour situer les ordres de grandeurordres de grandeur, cette quantité était celle allouée à la France en 2005.

    En 2009, la Commission européenne proposait, purement et simplement, l'interdiction de la pêche au thon rouge et d'inscrire Thunnus thynnus sur la liste des espèces menacées d'extinction du Cites (Convention sur le commerce international des espècesespèces de faunefaune et de flore sauvages menacées d'extinction). Mais le principe (soutenu par la France) en a été rejeté et c'est donc la CICTA, qui réunit des délégations de 48 pays, qui décide des quotas de pêchequotas de pêche annuels sur la base des donnéesbase des données scientifiques mais aussi économiques. La question est maintenant de savoir quel quota sera retenu. Et, accessoirement, combien d'années encore la chair savoureuse de ce grand prédateur des mers pourra être savourée par ceux qui ont les moyens de se l'offrir.