La Commission européenne vient de rendre ses propositions sur les quotas de pêche alloués en 2011 : moins 10 % sur l’ensemble des espèces. Pour la morue, la Commission, « très préoccupée », voudrait même une réduction de 50 %. On ne parle pas du thon rouge : son cas sera examiné cette semaine à Paris.

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    On parlera du thon la semaine prochaine, à Paris. © Adulau CC by-sa

    On parlera du thon la semaine prochaine, à Paris. © Adulau CC by-sa

    Après avoir discuté avec les États membres et pris l'avis du Comité scientifique, technique et économique de la pêche (CSTEP), la Commission européenne vient d'annoncer ses propositions  pour les « possibilités de pêche » de l'année 2011, autrement dit les quotas alloués aux pays de l'Union. Ces négociations entre la Commission et les pays membres de l'UE ne concernent que les espèces pour lesquelles seuls les Européens sont concernés. Elles laissent donc de côté les poissons pêchés aussi par d'autres pays ou qui font l'objet de discussions spéciales, comme le thon.

    Encore une fois, dans un contexte mondial de surpêche, il s'agit de diminuer les prises dans les « stocks », c'est-à-dire les populations de poissons d'une espèce donnée. Selon ces propositions, sur les 93 stocks examinés, 64 devraient voir l'activité de pêche diminuée, 6 augmentée et 23 laissée à son niveau actuel. Globalement, l'ensemble des prises européennes diminuerait de 89.400 tonnes, soit une réduction de 10 %.

    Négociations délicates en vue

    Sur l'ensemble des espèces pêchées en Europe, les experts mandatés par la Commission estiment que seulement 40 % font l'objet d'une exploitation durable. Les membres de la Commission se disent particulièrement « préoccupés » par le cas de la morue (ou cabillaud). Malgré des mesures drastiques prises il y a plusieurs années, « les stocks dans le Cattégat [la profonde baie entre le Danemark et la Suède, NDLRNDLR], la mer d'Irlande et les eaux à l'ouest de l'Écosse ne montrent aucun signe d'amélioration ».

    Toutefois, la situation s'améliore puisque l'an dernier, l'exploitation durable ne concernait que 31 % des stocks. Un progrès : des plans de gestion sur plusieurs années sont désormais en place et concernent 80 %, en poids, des poissons pêchés en Europe (avec ceux de la Norvège). Le but est d'atteindre une situation de rendement maximum durable (ou RMD), en 2015. Bref pêcher le plus possible mais en conservant les stocks en l'état.

    Ces propositions doivent désormais être discutées au sein de l'Union Européenne, où les gouvernements ont aussi leur mot à dire. Les ministres de l'UE en charge de la pêche ont fort à faire en ce moment avec les poissons. Du 17 au 27 novembre, s'ouvrira à Paris la 17e réunion de la Commission pour conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta). Au menu : du thon rouge et des quotas.

    La France ne réduira pas son quota pour 2011

    Le gouvernement français vient de provoquer l'ire d'associations de protection de l'environnement en annonçant, par la voix de Bruno Le Maire, ministre de l'AgricultureAgriculture, qu'il entendait maintenir pour 2011 son quota de 13.500 tonnes. Pour mettre de l'huile sur le feufeu, une association de journalistes (International consortium for investigative journalists, ICIJ), publie une enquête révélant l'existence d'un marché noir du thon rouge, atteignant 4 milliards de dollars (près de 3 milliards d'euros) permettant l'écoulement de poissons pêchés en excès des quotas.

    Avec les accusations de déclarations de pêche volontairement sous-estimées, ces polémiques vont probablement contribuer à réchauffer l'ambiance à la réunion du Cicta.