L'actualité récente a mis en lumière les menaces qui pèsent sur la population de Thon rouge méditerranéen et sur la filière qui l'exploite. Deux réunions au Japon vont décider de l'avenir des populations de thon et de leurs pêcheries (du 29 au 31 janvier pour le thon rouge, du 22 au 26 pour toutes les espèces de thon).

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    Thon : l'heure des choix

    Thon : l'heure des choix

    Sur la période 2003-2006, l'exploitation du thon rougethon rouge de Méditerranée était limitée par un quota de 32 000 tonnes. Or, les scientifiques de la Commission Internationale de Conservation des Thonidés d'Atlantique (CICTA) ont évalué les captures effectives à 50 000 tonnes, renchérissant les chiffres avancés par le WWFWWF dans son rapport du 5 juillet 2006.

    Le dépassement relève de la routine pour la plupart des flottilles nationales. La France n'est pas en reste : l'IFREMERIFREMER estime que « la capacité de pêchepêche fluctue depuis le milieu des années 90 entre 8 et 15 000 tonnes », un chiffre à comparer aux 6 200 tonnes allouées sur la période 2003-2006. Ce dépassement a même été officialisé par la Direction des Pêches Maritimes et de l'AquacultureAquaculture qui annonçait 9 455 tonnes de captures réelles pour la même période.

    En octobre 2006, le comité scientifique de la CICTA dressait un constat sans appel de surexploitation de la population. Ses recommandations étaient claires : quota de 15 000 tonnes, taille minimale de capture de 30 kgkg (correspondant à la taille de maturité sexuelle), et fermeture de la pêcherie pendant la période de reproduction de l'espèceespèce (de mai à juillet inclus). Le WWF appelait alors les responsables politiques à préserver l'avenir de l'espèce, celui de la filière et à respecter enfin l'avis scientifique.

    Malheureusement, la réunion cruciale de la CICTA (du 17 au 26 novembre 2006 à Dubrovnik en Croatie), a avalisé la poursuite de la surexploitation du thon rouge et a condamné cette pêcherie à court terme.

    Pour des raisons inconnues, le Conseil des Ministres des Pêches de l'UE, réuni en décembre dernier, n'a pas ratifié ce plan. « Nous évoluons aujourd'hui en pleine confusion : soit on ratifie un plan qui est un plan d'effondrementeffondrement, soit on ne le ratifie pas et la pêche au thon rouge ne sera plus réglementée du tout », affirme Serge Orru, Directeur du WWF-France.

    La prochaine réunion de la CICTA, qui se tiendra le lundi 29 janvier à Tokyo marquera-tt elle la dernière étape d'une série noire ? C'est un ultime espoir. « Comme cela est prévu dans les règlements de la CICTA, nous demandons que les gouvernements proposent un nouveau plan. S'il est naïf, cet espoir est en tous cas le dernier que nous avons pour sauver l'espèce et l'avenir de la pêche au thon. Nos représentants doivent mettre de coté les intérêts particuliers et mettre sur pied un plan des populations de stock », souligne Serge Orru du WWF-France.

    La pêcherie du thon rouge est une triste illustration de ce qui passe partout dans le monde pour les autres pêcheries de thon. C'est le constat que dresse le WWF dans un nouveau rapport sorti hier qui dénonce la pêche illégale, les quotas non respectés et la course à la pêche au thon à laquelle se livre une flotte de bateaux en surcapacité par rapport aux populations. « Les pêcheries de thon peuvent mettre sur pied une gestion durable de la pêche dans la mesure où il y a une volonté, mais les gouvernements préfèrent passer outre les recommandations des scientifiques, ne parviennent pas à appliquer les mesures de conservation et de gestion et regardent ailleurs dès qu' il s'agit de pêche illégale ou de lancer des poursuites à l'encontre de ceux qui transgressent les règles » affirme le Docteur Simon Cripps, Directeur du programme marin du WWF- International.

    Du 22 au 26 janvier, les 5 Organisations Régionales de Pêches (ORP ou RFMO en Anglais) qui gèrent les populations de thon (le thon rouge mais aussi le listao, l'albacore, le germon, le thon obèse et le thon à nageoires jaunes) se réunissent justement à Kobé, au Japon.

    « Plus que jamais, nous sommes à l'heure des actes écologiques », conclut Serge Orru du WWF-France.

    Note


    Les ORP constituent le principal mécanisme de gestion des pêches en haute mer. Aujourd'hui, il y a 16 organisations de gestion des pêcheries régionales (RFMO). 5 d'entre elles ont été dédiées à la conservation et à la gestion durable des stocks de thon à travers les différents océans. Parmi elles, la CICTA, Commission Internationale de Conservation des Thonidés d'Atlantique.

    Les chiffres du thon rouge en 2006

    - Les frayèresfrayères occidentales de la Méditerranée ont été mises à sac : au large des îles Baléares, les prises de thon rouge représentent maintenant 15% de ce qu'elles étaient il y a dix ans. En 1995, ce sont 14 699 tonnes qui sont pêchées par les flottes françaises et espagnoles alors que seulement 2270 tonnes ont été prises cette année dans les mêmes eaux.

    - La quantité totale de thon rouge mises en cages cette année est de 24,020 T.

    - Parmi le thon vivant mis en cage cette année, au moins 8730 T ont été pêchées par la flotte française (y compris par les 9 bateaux libianisés sous contrôles français).

    - Pour 2006, le quota cumulé de la France, l'Italie et de la Lybie était de 10 390 Tonnes. Les captures des flottes de ces trois pays s'élèvent à 19 102 T.