Pour réduire les quantités atmosphériques de gaz à effet de serre, une piste prometteuse est celle de la lutte contre la déforestation, responsable à elle seule d’environ 15 % du total des émissions GES mondiales. Un domaine où les satellites ont un rôle à jouer, comme nous l’explique Gil Denis, responsable opérations et services GMES au sein d’Astrium GEO-Information Services.


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    Les émissionsémissions de gaz à effet de serre (GES) sont une préoccupation majeure des États de la planète. Parmi les décisions prises à Cancùn en décembre 2010 figure un accord qui vise à limiter à deux degrés la hausse de température dans l'ensemble du monde par rapport à son niveau préindustriel.

    Comme le rappellent de nombreux chercheurs, une augmentation supérieure à deux degrés aurait des conséquences catastrophiques. Selon eux, la hausse du niveau des océans, les écarts météorologiques extraordinaires et l'altération des conditions agricoles causeraient des migrations en massemasse, des pénuries alimentaires, l'aggravation des épidémiesépidémies et une myriademyriade d'autres phénomènes bouleversants.

    À l’issue de la 16<sup>e</sup> conférence des parties à la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Cancùn, au Mexique (COP 16, décembre 2010), l’ONU veut croire que les pays qui étaient réunis sont proches d’un traité mondial sur le climat. Celui-ci pourrait être signé en Afrique du Sud en novembre 2011, dix ans après le sommet sur la Terre. © Astrium GEO-Information Services

    À l’issue de la 16e conférence des parties à la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Cancùn, au Mexique (COP 16, décembre 2010), l’ONU veut croire que les pays qui étaient réunis sont proches d’un traité mondial sur le climat. Celui-ci pourrait être signé en Afrique du Sud en novembre 2011, dix ans après le sommet sur la Terre. © Astrium GEO-Information Services

    Pour parvenir à tenir cette limitation à deux degrés, les États doivent donc réduire les émissions de gaz à effets de serre de 60 %. Comme l'estime la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiqueschangements climatiques (CCNUCC), l'exploitation forestière et la coupe d'arbres sont responsables d'un cinquième de toutes ces émissions, de sorte que tout programme réussi de limitation de la déforestation aurait un effet direct sur la température moyenne de l'atmosphère terrestre.

    D'où la création, par l'ONU, du mécanisme REDD+ (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts) qui a pour objectif de protéger les forêts de la planète et notamment les grandes forêts tropicales en enrayant le déboisement et dans le cadre duquel les pays industriels aideront financièrement les pays en développement afin de protéger leur forêts humides. Autrement dit, il s'agit en quelque sorte de donner une valeur aux arbres et de dédommager les pays qui les protègent. Un fonds vert doté de plusieurs milliards de dollars sera néanmoins difficile à mettre en place, comme le soulignent certaines ONG et pays, qui craignent des dérives.

    Les satellites pour assurer le succès de REDD+

    La gestion durable des forêts nécessite une cartographie précise et fiable des territoires que seuls les satellites peuvent fournir. Ils sont les seuls outils capables « d'un monitoring des forêts rapide, fiable, précis et objectif », d'assurer d'un suivi « de l'état des forêts irréfutable » et de produire des « inventaires réguliers pour mesurer les effets des politiques nationales », nous explique Gil Denis, responsable opérations et services GMESGMES au sein d'Astrium GEO-Information Services.

    L'acquisition régulière d'images à haute résolutionrésolution met en « évidence les évolutions du couvert forestier et les changements d'occupation des sols ». Cela permet d'identifier les points de déforestation illégale en « contrôlant la conformité des plans d'aménagement forestiers » et « d'anticiper la déforestation ».

    L’acquisition régulière d’images Spot à haute résolution met en évidence les évolutions du couvert forestier et les changements d’occupation des sols. Dans cet exemple, l’identification des nouvelles voies d’accès permet de contrôler la conformité des plans d’aménagement forestier. © Cnes/Astrium GEO-Information Services

    L’acquisition régulière d’images Spot à haute résolution met en évidence les évolutions du couvert forestier et les changements d’occupation des sols. Dans cet exemple, l’identification des nouvelles voies d’accès permet de contrôler la conformité des plans d’aménagement forestier. © Cnes/Astrium GEO-Information Services

    Cette idée d'utiliser l'imagerie spatiale a été proposée par Astrium GEO-Information Services, dont les satellites offrent les moyens de « surveiller chaque parcelle de forêts » précise Gil Denis (Un autre regard sur la Terre). Mieux encore, ses archives, dont celles de la filière Spot, qui s'étalent sur plusieurs décennies, constituent un excellent outil pour le suivi sur des longues périodes. Elles peuvent être utilisées comme référence de sorte que l'acquisition de nouvelles données permettra « d'actualiser les informations au fil du temps afin de suivre l'évolution du couvert forestier et d'évaluer les futurs engagements liés à REDD+ ».

    On signalera qu'un premier accord à d'ores et déjà été signé entre l'Agence française de développement (AFD) et Astrium GEO-Information Services pour la fourniture d'images satellites des forêts du bassin du Congo, de façon à mieux gérer cette forêt humide.