Le complexe d'aires protégées de « Bili-Mbomu » est un lieu d'une beauté époustouflante, peuplé d'une faune rare dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC), mais il est également confronté à des défis importants qui menacent sa pérennité.


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    Au cœur d'un paysage très boisé, le braconnage, les méthodes de pêche illégales qui empoisonnent l'eau, l'exploitation minière artisanale de l'or et l'agriculture sur brûlis déciment lentement la biodiversité, faisant du complexe l'ombre de lui-même.

    Ces pratiques - parfois le résultat de l'ignorance, parfois par attachement à la coutume - contribuent largement à la destruction des habitats de la faune et à l'extinction des espèces à risque. Le paysage de « Bili-Mbomu » abrite la plus grande population de chimpanzés de l'Est, une espèce menacée, et l'une des dernières populations d'éléphants de forêt de la région, en danger critique d'extinction.

    Chimpanzés au Domaine de chasse de Bili-Uele. © AWF, tous droits réservés
    Chimpanzés au Domaine de chasse de Bili-Uele. © AWF, tous droits réservés

    Un programme au profit de la biodiversité

    En réponse à ces défis, African Wildlife Foundation (AWF) a lancé en 2018 le programme Community-Based Counter Wildlife Trafficking financé par l'Agence américaine pour le développement international afin de piloter une approche de résolutionrésolution axée sur la résiliencerésilience des communautés et l'amélioration de la protection de la biodiversité. Le programme est déployé en trois phases, en commençant par des études préliminaires [pour] comprendre les problèmes clés du paysage. Ensuite, la mise en œuvre des activités pilotes au profit des communautés, et enfin, l'évaluation du taux d'achèvement desdites activités avant de procéder à la mise à l'échellemise à l'échelle des activités prometteuses.

    Le saviez-vous ?

    L'African Wildlife Foundation (AWF) est le principal défenseur de la protection de la vie sauvage et des terres sauvages en tant qu'élément essentiel d'une Afrique moderne et prospère. Fondée en 1961 pour se concentrer sur les besoins de l'Afrique en matière de conservation, AWF exprime une vision africaine unique, établit un lien entre la science et la politique publique et démontre les avantages de la conservation pour assurer la survie de la faune et des terres sauvages du continent.

    Actuellement, le programme se concentre sur le développement de l'agriculture durable, la cartographie participative pour l'aménagement du territoire communautaire et la revitalisation du Comité local pour la conservation et le développement.

    Station ICCN (Institut congolais pour la Conservation de la nature) de Bili-Uere. © AWF, tous droits réservés
    Station ICCN (Institut congolais pour la Conservation de la nature) de Bili-Uere. © AWF, tous droits réservés

    Dans le souci d'obtention de résultats plus efficaces et durables, AWF a sous le financement de l'Union européenne entrepris une enquête pour relever les activités génératrices de revenus au sein de « Bili-Uele ». L'enquête montre une forte dépendance aux ressources naturelles pour les moyens de subsistance, ce qui contribue à la dégradation de la biodiversité dans le paysage.

    100 % des personnes interrogées ont déclaré qu'elles pratiquaient la chasse au gibier et l'agriculture, 83 % la pêche, l'élevage de chèvres et de volailles et 67 % l'orpaillage. Les forêts et les rivières ont été identifiées comme les ressources naturelles les plus importantes pour l'approvisionnement en nourriture et en revenus au niveau des ménages.

    Focus group sur les activités génératrices de revenus. © AWF, tous droits réservés
    Focus group sur les activités génératrices de revenus. © AWF, tous droits réservés

    « De ces résultats, nous déduisons que la hiérarchie des écosystèmesécosystèmes en termes de bénéfices pour les communautés est la suivante : le fleuve pour l'usage domestique, la pêche, l'exploitation minière et la communication ; suivi des forêts primaires pour la chasse, la médecine traditionnellemédecine traditionnelle, l'agriculture et le refuge en période d'insécurité. Les champs agricoles, les forêts secondaires, la savane boisée, les basses terresterres et la savane herbeuse sont de moindre importance », indique le rapport.

    Quand les activités anthropiques compromettent la survie de la biodiversité

    Les activités humaines ont été identifiées comme la principale cause de la perte de biodiversité et du changement climatique, selon un rapport publié en 2019 par un groupe soutenu par les Nations unies, appelé Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), indiquant que les êtres humains conduiraient plus d'un million d'espèces à l'extinction au cours des prochaines décennies.

    75 % de l'environnement terrestre a été "gravement altéré" à ce jour par les actions humaines

    « 75 % de l'environnement terrestre a été "gravement altéré" à ce jour par les actions humaines », indique le rapport de l'IPBES. Les auteurs ont toutefois reconnu que les terres gérées par les communautés autochtones diminuent à un rythme plus lent. Dans ces paysages auparavant intacts, les activités de subsistance locales telles que l'agriculture ont été identifiées comme la principale cause de la détérioration de la nature.

    Cette constatation a inspiré les interventions d'AWF dans le paysage de « Bili-Mbomu », en concevant des moyens de subsistance alternatifs qui ne compromettent pas davantage la biodiversité, notamment l'agriculture durable. L'enquête d'AWF a donc cherché à mieux comprendre le mode de vie et les problèmes des communautés riveraines de la zone centrale du paysage afin d'évaluer leur empreinte en matièrematière d'utilisation des ressources naturelles. Elle a ciblé six communautés riveraines (Gumbu, Zee, Bulumasi, Basikpio, Yakpa et Dengu) et a été menée en mai 2021. Elle s'inscrit dans le cadre des activités de conservation financées par le programme ECOFAC6 de l'Union européenne en Afrique centrale.

    État de route dans le domaine de Chasse de Bili-Uele. © AWF, tous droits réservés
    État de route dans le domaine de Chasse de Bili-Uele. © AWF, tous droits réservés

    « Le rapport résultant de l'enquête sera un document d'orientation pour les consultants et les futurs partenaires de la DCBU. Cela les aidera à orienter leurs actions dans le paysage et à concentrer les financements futurs dans une zone et un endroit spécifiques », a déclaré Dodo Moke, responsable du programme AWF à Bili-Uele, qui a dirigé l'enquête.

    Le complexe de zones protégées du paysage de « Bili-Mbomu » (domaine de la faune de Bili-Uere et réserve de la faune de Mbomu) a été créé en 1974 pour conserver les ressources naturelles et réglementer les activités de chasse. AWF travaille avec les communautés locales, les partenaires et les autorités gouvernementales de la région pour promouvoir des moyens de subsistance durables, réduire le braconnage et favoriser la gestion des ressources naturelles.