En cas de pandémie, rien de tel que la distanciation sociale pour contenir un virus. Même les chauves-souris vampires le savent, ainsi que le démontre une nouvelle étude.


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    Si la notion de distanciation sociale pouvait sembler étrangère à certains d'entre nous jusqu'à présent, l'année 2020 s'est bien assurée d'ancrer cette expression dans nos têtes. En temps de pandémiepandémie, elle reste le meilleur moyen de limiter la propagation du virus et de se protéger ainsi que ceux autour de soi. Mais bien que certains d'entre nous n'en apprennent les ficelles qu'aujourd'hui, dans la nature, elle est une habitude déjà bien ancrée. Les fourmis contaminées s'éloignent de la colonie, les abeilles et les chimpanzés chassent les membres malades. Même les chauves-souris vampires, pourtant immunes à bien des maladies, ont acquis ce réflexe salvateur.

    Distanciation sociale chez les chauves-souris

    Un comportement déjà étudié en laboratoire a désormais pu être observé à l'état naturel par les chercheurs : lorsqu'une maladie se répand parmi les individus d'une colonie de chauves-souris vampires, celles-ci changent de comportement social. À Belize, l'équipe a capturé 31 chauves-souris femelles dont une partie s'est vu injecter une moléculemolécule baptisée lipopolysaccharidelipopolysaccharide, destinée à affaiblir leur système immunitairesystème immunitaire. Équipées de balises, celles-ci ont ensuite été relâchées dans leur habitat. C'est alors que les chercheurs ont pu observer le phénomène en action.

    Pas bête, la chauve-souris vampire ! © Wikimedia Commons
    Pas bête, la chauve-souris vampire ! © Wikimedia Commons

    Les chauves-souris « malades » (ou du moins présentant un déficit immunitairedéficit immunitaire) interagissaient avec moins d'individus que les chauves-souris « saines », veillant à éviter particulièrement les individus non malades de manière directe et indirecte. Durant les six heures d'efficacité du traitement, les sujets contrôles s'associaient plus souvent avec d'autres individus du même groupe qu'avec les chauves-souris affaiblies. Ces différences ont disparu progressivement lorsque les effets du traitement ont commencé à disparaître. Ils étaient également moins notables lorsque les chauves-souris dormaient ou chassaient hors du nid.

    Une nouvelle méthode d'observation

    « Les capteurscapteurs nous ont ouvert une nouvelle fenêtrefenêtre fascinante sur la manière dont le comportement social de ces chauves-souris change d'heure en heure, et même de minute en minute au cours du jour et de la nuit, même lorsqu'elles sont cachées dans l'obscurité d'un arbre creux », s'enthousiasme Simon Ripperger, auteur principal de l'étude parue dans la revue Behavioral Ecology. « Nous sommes passés d'une collecte quotidienne des données à une mesure qui peut désormais s'effectuer toutes les quelques secondes. »