Des chercheurs allemands ont étudié les impacts des trois mesures de distanciation sociale mises en œuvre outre-Rhin pour lutter contre la propagation du coronavirus. À partir de leurs observations, il se dégage un modèle épidémiologique qui, selon les auteurs, peut être adaptée dans d'autres pays. 


au sommaire


    Un modèle épidémiologique conçu par des chercheurs de l'Institut Max PlanckMax Planck et de l'université de Göttingen a permis d'estimer l'impact des différentes mesures de distanciation sociale sur la propagation du Covid-19 en Allemagne. Pour cette recherche parue dans Science, trois mesures distinctes de distanciation sociale mises en place par le gouvernement allemand ont été évaluées. L'objectif était de concevoir un modèle épidémiologique établi avec l'inférence bayésienne afin d'analyser la dépendance temporelle du taux de croissance effectif des nouvelles infections au Covid-19.

    Voir aussi

    Coronavirus : une séparation d'un mètre ne suffit pas

    La première mesure de distanciation sociale consistait à annuler les grands événements publics tels que les compétitions sportives et les salons professionnels. Viennent ensuite la fermeture des établissements tels que les écoles, les barsbars et les cafés et enfin, les mesures de confinement visant à limiter le plus possible les contacts entre individus. Toutes ces mesures ont été mises en œuvre en trois semaines à compter de début mars, période qui correspond à l'arrivée de l'épidémie en Allemagne.

    Bien qu'elle se soit appliquée à l'Allemagne, l'approche de cette étude peut être adaptée à d'autres pays ou régions. © Philippe Desmazes, AFP
    Bien qu'elle se soit appliquée à l'Allemagne, l'approche de cette étude peut être adaptée à d'autres pays ou régions. © Philippe Desmazes, AFP

    Des effets positifs perceptibles au bout de trois semaines

    En étudiant les données du pays relatives au nombre de cas Covid-19 jusqu'au 21 avril, les chercheurs ont pu constater que ces mesures avaient eu des effets positifs sur le ralentissement de la propagation du virus seulement deux ou trois semaines après leur mise en place. Toutefois, ce n'est qu'à partir de la troisième intervention visant à réduire drastiquement les interactions sociales qu'une baisse significative du nombre de nouveaux cas quotidiens d'infections au Covid-19 a été observée.

    « Notre analyse montre clairement l'effet des différentes interventions qui, ensemble, ont finalement entraîné un fort renversement de tendance », souligne Viola Priesemann, cheffe du groupe de recherche à l'Institut Max Planck. Ce que confirme Michael Wilczek, coauteur de l'étude : « Nos calculs de modèle nous montrent l'effet global du changement de comportement des personnes qui va de pair avec les interventions. »

    Le changement de comportement va de paire avec la distanciation sociale

    Bien qu'elle soit appliquée à l'Allemagne, l'approche peut être adaptée à d'autres pays ou régions, soulignent les auteurs de la publication. « Nous démontrons l'impact potentiel du moment et de l'ampleur des mesures instaurées concernant les trois interventions gouvernementales passées en Allemagne. Notre modèle peut être facilement adapté à tout autre pays ou région ».

    Voir aussi

    Le coronavirus pourrait s'attraper en parlant

    Afin de prédire la potentielle survenue d'une deuxième vague d'épidémie, les scientifiques ont également élaboré trois scénarii basés sur l'absence de distanciation sociale, une instauration modérée de ces mesures  ou des interactions entre individus fortement limitées. 

    « Si tout le monde continue à être très prudent et si la recherche des contacts par les autorités sanitaires est efficace, que tous les nouveaux foyers d'infection sont détectés et contenus de manière précoce, alors le nombre de cas peut continuer à diminuer. L'évolution exacte des chiffres à l'avenir dépend donc de manière décisive de notre comportement, du respect des recommandations en matièrematière de distance et des mesures d'hygiène », conclut Viola Priesemann.