« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, plongeons à la rencontre d’un mammifère marin un peu bavard : l’orque.


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    Il y a, chez l'orque, quelque chose de fascinant. C'est peut-être sa beauté tout en noir et blanc. Ou peut-être sa taille. Les mâles peuvent frôler les dix mètres de long. Et leur poids est en conséquence. Une orque peut peser jusqu'à neuf tonnes. Une orque ? Oui, parce qu'une fois n'est pas coutume, ce nom-là est féminin. Ainsi, en principe, on écrit bien une orque, que ce soit pour désigner un individu femelle ou un individu mâle. Même si, à l'oral, on entend de plus en plus souvent le nom dans sa déclinaisondéclinaison masculine.

    L'orque donc, est un animal singulier. Déjà très présent auprès des Hommes dans les mythologies. Les peuples navigateursnavigateurs les voyaient tantôt comme celles qui protègeraient leurs âmes, tantôt comme de féroces tueuses. Il ne faut toutefois pas les confondre avec les orques -- que l'on peut écrire « orcs », ça évite les confusions, justement -- introduits dans la littérature de genre fantasy par J.R.R. Tolkien. Ces êtres humanoïdeshumanoïdes à la physionomie bestiale et aux mœurs sanguinaires. Des montres qui aiment se délecter de chair humaine.

    Leurs homonymes des mers, elles, malgré leur corpulence, sont bien plus douces. Elles sont certes attirées par les Hommes. Extrêmement curieuses. Mais pas violentes pour un sou. Sauf, à l'occasion, lorsqu'elles vivent en captivité. Un mode de vie qui les frustre et les stresse. Résultat : elles souffrent de problèmes psychologiques, de névroses. Elles peuvent alors se montrer agressives.

    Des chercheurs ont appris à une orque à répéter quelques mots humains. © Science Magazine

    L’orque, en reine de l’imitation

    Les orques, ce sont surtout des superprédatrices dont le rôle est de réguler les écosystèmes marins. Ces mammifères de la famille des dauphins règnent en maîtres sur les océans. Pas seulement grâce à leur corpulence. Aussi grâce à leur intelligenceintelligence. Des scientifiques les ont déjà observées en train d'élaborer des stratégies d'évitement poussées. Lorsqu'elles n'ont pas envie d'entrer en contact avec les Hommes.

    Côté chasse, surtout, les orques ont des méthodes redoutablement efficaces. Adaptées à la région dans laquelle elles vivent. Qui minimise en plus les risques. Mais aussi les dépenses énergétiques. Elles sont même capables d'anticiper les réactions de leurs proies. Et ces méthodes, les orques savent les transmettre à leur descendance. Un comportement par lequel les chercheurs définissent la culture.

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    Les orques sont menacées par leurs interactions avec l’Homme

    Mais l'intelligence des orques ne s'arrête pas là. Des chercheurs ont découvert que l'étonnant mammifère marin pouvait aller jusqu'à imiter des sons étrangers comme le hurlement d’un loup ou une porteporte qui grince. Et même... des mots humains !

    Que les orques communiquent entre elles avec des sons, les scientifiques le savent depuis longtemps. Ils leur avaient même reconnu des dialectes. Des variations dans les signaux de communication spécifiques à certains groupes. Et c'est justement pour étudier ce comportement que les chercheurs ont voulu voir si une orque pourrait être capable de répéter quelques-uns de nos mots. Des mots simples comme « hello », « bye-bye » ou « one, two, three ». Pour montrer à quel point l'imitation joue un rôle important dans la constructionconstruction des « traditions vocales » uniques des orques.

    Les chercheurs ont travaillé avec Wikie, une orque captive -- au Marineland d'Antibes -- de 14 ans. Ils lui ont fait écouter des mots. Puis ils lui ont demandé de les répéter. Et Wikie a copié, de manière reconnaissable, la plupart des mots en moins de dix essais. La preuve de la complexité à la fois de la structure sociale et de la compréhension mentale que peuvent avoir ces gros mammifères marins. Ainsi, même si l'expérience ne montre pas que Wikie comprend notre langage, elle témoigne bel et bien du fait que les orques ne sont pas si bêtes !