Mis dans le même bassin de captivité que des dauphins, des orques ont modifié leurs vocalises pour arriver à imiter celles de leurs partenaires. Cette capacité d’apprentissage vocal pourrait servir les cétacés dans leurs interactions sociales.

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    On mesurait déjà l'intelligenceintelligence des orques (Orcinus orcaOrcinus orca) à leur faculté d'apprendre et de réaliser sur demande des figures dans les parcs aquatiques. Mais les épaulards sont aussi capables d'assimiler et de produire des chants proches de ceux d'autres espèces de cétacé, rapporte une étude scientifique parue dans le Journal of the Acoustical Society of America. Comme les êtres humains, ils seraient donc capables d'interpréter des sons nouveaux pour eux.

    Pour arriver à cette conclusion, les auteurs de l'article ont enregistré les émissions sonores de trois orques partageant un bassin avec des grands dauphins (Tursiops truncatusTursiops truncatus) depuis plusieurs années et les ont comparés avec ceux de sept autres orques et de neuf autres grands dauphins jamais mis en contact.

    Les résultats montrent que les trois orques habituées à interagir avec leurs cousins présentent un profil de vocalisations s'approchant de celui de leurs colocataires ; les baleines émettent ainsi une proportion plus faible d'appels pulsés et plus élevée de clics et de sifflements que les orques de contrôle ne vivant pas avec des dauphins.

    En outre, les orques seraient aptes à apprendre de nouveaux sons. En effet, les chercheurs constatent que l'une des trois baleines est capable de reproduire le gazouillement qu'une dresseuse a enseigné aux grands dauphins avant son arrivée dans le bassin commun.

    Les grands dauphins produisent des sons semblables à ceux des épaulards, mais ils recourent davantage aux clics et aux sifflements, alors que les orques produisent plus d’appels pulsés. © Mark O’Neil, <em>Wikimedia Commons</em>, cc by sa 3.0

    Les grands dauphins produisent des sons semblables à ceux des épaulards, mais ils recourent davantage aux clics et aux sifflements, alors que les orques produisent plus d’appels pulsés. © Mark O’Neil, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Imiter pour mieux survivre

    Pour les scientifiques, ces découvertes témoignent d'une importante plasticité neuronale chez Orcinus orca, autrement dit que leurs circuits cérébraux sont capables d'incorporer de nouvelles informations. « Les orques montrent une réelle motivation à faire correspondre leur expression à celle de leurs partenaires », déclare Ann Bowles, coauteure de ces recherches.

    Quant à connaître les raisons d'un tel comportement d'imitation, il est possible qu'il facilite les interactions sociales. Dans la nature, l'aire de répartition des orques étant très large, cette aptitude pourrait s'avérer utile pour survivre dans des territoires variés et parmi différents groupes sociaux.

    Pour les auteurs de l'étude, il convient d'approfondir les recherches pour mieux comprendre comment les orques acquièrent ces aptitudes de communication, si elles se font tout au long de leur vie, dans quelles mesures elles sont modulables et si l'espèce est apte à les utiliser correctement dans des situations sociales, ce qui s'avère être l'un des fondements d'une langue.