« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, partons pour la ferme à la rencontre d’un animal des plus communs : le cochon.


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    Un cœur de cochon greffé sur un homme. L'opération a été réalisée en ce tout début de mois de janvier 2022. Alors certes, un cœur de cochon génétiquement modifié. Mais un cœur de cochon tout de même. De quoi nous rappeler un peu la folle idée développée par Bernard Werber dans son roman, « Le père de nos pères ». Celle qui suggère que le cochon pourrait être l'un de nos lointains ancêtres.

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    Première greffe réussie d’un cœur de cochon humanisé sur un patient

    En réalité, si le cochon intéresse tant la médecine, c'est que, sans figurer au nombre de nos ancêtres, il présente pas mal de similitudes anatomiques et physiologiques avec nous. Des similitudes inscrites dans ses gènesgènes. Et même un certain nombre de mutations associées à des maladies humaines. L'obésitéobésité, le diabètediabète et jusqu'à la maladie de Parkinsonmaladie de Parkinson ou d'AlzheimerAlzheimer.

    Le cochon a aussi d'autres points communs avec nous. Les chercheurs ont observé qu'il est capable de s'adapter à de nouveaux territoires. Pour mieux les coloniser. Se les approprier. Et malheureusement, régulièrement, les mettre à mal. Ça vous rappelle sans doute quelque chose...

    Mais revenons à des sentiments plus positifs. Et à quelques preuves que le cochon nous a déjà données aussi d'une intelligenceintelligence qui se rapproche de celle des humains. Ainsi, saviez-vous que le cochon aime se divertir, par exemple. Certains ont, parait-il, même appris à jouer à des jeux vidéojeux vidéo. Le cochon a également de la mémoire. Il l'utilise surtout pour se souvenir des meilleurs endroits où trouver de la nourriture. C'est vrai. Mais peut-on vraiment le blâmer pour ça ?

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    Des cochons ont appris à jouer aux jeux vidéo

    D'ailleurs, en parlant de trouver de la nourriture, c'est peut-être bien grâce à cette sorte de gourmandise que les chercheurs ont pu observer chez le cochon, une aptitude tout à fait remarquable.

    Le cochon et le test du miroir

    Pour bien comprendre, remontons un peu le fil de l'histoire et rappelons que, s'il nous semble évident de reconnaître notre image dans un miroir, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Pas le cas pour tous les animaux. Loin de là. Ils ne sont pas nombreux à réussir celui que les éthologues appellent le test du miroirmiroir. Comment se passe-t-il ? Faites une tache sur la tête d'un orang-outan et placez-le devant un miroir. Vous verrez que ce grand singe réagira. Qu'il essayera d'enlever cette tâche sur sa tête. Tout comme le bonobo ou le chimpanzé, le grand dauphin ou l'éléphant d'Asie, le perroquet gris du Gabon ou la pie bavarde. Et, le cochon.

    Enfin, pas tout à fait. Parce que ce qui rendrait difficile ce test chez le cochon, à en croire les chercheurs, c'est que le cochon... se moque d'être taché. Il n'a de fait que peu de réactions -- ou même pas de réaction du tout -- devant l'image de sa tête souillée dans un miroir. Alors pour en avoir le cœur net, les éthologues ont imaginé un dispositif un peu différent.

    Ils ont placé des cochons dans un enclos où se trouvait un miroir. Les animaux se sont d'abord agacés. Certains se sont montrés furieux après cet intrus. Mais au bout de quelques heures, ils ont compris que cette image dans le miroir n'était justement... qu'une image. Qu'elle ne correspondait pas à un cochon en chair et en os.

    Certains cochons au moins seraient capables d’interpréter les images qu’ils voient dans un miroir. © John, Adobe Stock
    Certains cochons au moins seraient capables d’interpréter les images qu’ils voient dans un miroir. © John, Adobe Stock

    Un miroir et des friandises

    Pour aller plus loin, les chercheurs ont ensuite caché dans l'enclos, un bol de nourriture. Des M&M's. Il parait que les cochons adorent ça. Et c'est donc là qu'entre en scène leur légendaire gourmandise. Pour ne pas brouiller les résultats, les chercheurs ont pris soin de diffuser l'odeur de ces petits appâts un peu partout dans l'enclos. Seul un miroir permettait de dévoiler l'emplacement du bol. Les cochons qui avaient déjà fait l'expérience du miroir précédemment ne s'y sont pas trompés. Ils ont fait le tour de la barrière pour aller droit vers le bol de M&M's. Les autres se sont laissés abuser. Ils sont allés chercher la nourriture... derrière le miroir. À sa position apparente.

    Tout ça semble bien montrer que les cochons sont capables non seulement de comprendre, mais aussi d'utiliser les informations qu'ils voient dans un miroir. Ainsi à l'avenir, peut-être réfléchirez-vous à deux fois avant de qualifier quelqu'un de « bête comme cochon » ! Sauf si... je vous avoue que quelques années plus tard, d'autres chercheurs ont retenté l'expérience. Avec beaucoup moins de succès, cette fois. Seulement deux cochons sur une vingtaine ont compris l'astuce. De quoi faire penser que les cochons sont doués d'un certain degré de conscience de soi. Mais pas tous...