Plus de deux cents kilomètres de course dans le désert de Mojave sans pilote à bord ! Après le désastre de la première édition en 2004, le deuxième "Darpa Grand Challenge" s'est terminé sur des performances à couper le souffle.

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    Entre le 6 et le 8 octobre, 23 véhicules se sont élancés les uns derrière les autres sur une piste de 211,74 kilomètres, quelque part dans le désertdésert de Mojave, au Nevada. La plupart avaient l'allure d'un buggy, certains ressemblaient à des 4x44x4 du commerce et l'un d'eux était un énorme camion. Un seul point commun : il n'y avait personne à bord !

    Les compétiteurs n'ont appris l'itinéraire exact que deux heures avant le départ et devaient impérativement boucler le tour en moins de dix heures, sous peine d'élimination. L'appâtappât du gain pouvait motiver les équipes : deux millions de dollars étaient promis au vainqueur.

    C'est le Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), grand pourvoyeur de crédits de recherche pour tout ce qui pourrait intéresser de près ou de loin les militaires américains, qui organisait cette compétition hors norme. Ces drones de la route devaient parcourir sans aucune assistance ni téléguidage une véritable piste du désert, avec des passages étroits à flanc de montagne et une kyrielle d'obstacles artificiels.

    Une vraie course

    L'an dernier, la première compétition du genre a connu un fiasco retentissant. Aucun véhicule n'a pu atteindre la ligne d'arrivée. Le favori (construit par une équipe de la Carnegie Mellon University) a pris feufeu au treizième kilomètre. Sci Autonic, un buggy israélien, a fini juché sur un talus et le monstre TerraMax (16 tonnes) s'est empêtré dans un modeste buisson. Le prix d'un million de dollars n'ayant pas été remporté, il a été remis en jeu cette année, doublant donc la mise.

    Arrivée des deux premiers concurrents, qui auront mis près de 7 heures pour parcourir 200 kilomètres, mais sans personne à bord et sans téléguidage…

    Arrivée des deux premiers concurrents, qui auront mis près de 7 heures pour parcourir 200 kilomètres, mais sans personne à bord et sans téléguidage…

    Cette fois, cinq véhicules ont franchi la ligne d'arrivée. Le premier, construit par une équipe de l'université de Stanford, a bouclé le circuit en 6 heures, 53 minutes et 8 secondes, juste devant la voiturevoiture de la Carnegie Mellon University. Leur véhicule est un 4x4 Volkswagen Touareg du commerce, simplement doté d'équipements électroniques supplémentaires. Michael Montemerlo, le responsable logiciel de l'équipe, explique que ce choix est l'un des facteurs du succès, cette voiture étant déjà contrôlée par électronique de la tête aux pieds. De nombreux paramètres (vitesse de rotationvitesse de rotation des roues, nombre de tours par minute du moteur, rapport de la boîte de vitesse, état des suspensions, etc.) circulent sur un bus électronique sur lequel il suffit de se connecter.

    Des yeux sur le toit

    Pour repérer les obstacles, Stanley - surnom donné par l'équipe à leur robot roulant - dispose de deux systèmes installés sur le toittoit : un couple de radars (un de chaque côté) et cinq Lidars (light detection and ranginglight detection and ranging, des détecteurs à laserlaser). Les radars balaient une large zone, jusqu'à 200 mètres vers l'avant, et servent à détecter les gros obstacles, les autres véhicules par exemple.

    Les Lidars, eux, analysent plus finement la situation mais jusqu'à une trentaine de mètres seulement. Leur principe consiste à émettre un rayon laser et à mesurer la lumièrelumière réémise ; cette technique est également employée en météorologiemétéorologie pour mesurer l'intensité du brouillardbrouillard ou la hauteur de la base des nuagesnuages. L'ensemble des Lidars balaie la zone à raison de 75 lignes par seconde. Deux caméras, dont une stéréoscopique, complètent ce dispositif pour créer une image de la surface que le véhicule s'apprête à traverser.

    Un GPS positionne le véhicule sur le circuit, et, grâce à un couple d'antennes, sert également à déterminer la direction du déplacement, en deux axes, à deux degrés près. Résultat : un flux de 250 Mo à l'heure, stockés sur un disque dur et analysés par un équipement informatique composé de sept Pentium M, sur lequel l'équipe reste discrète.

    Très loin des circuits gentiment balisés des premiers essais de véhicules automatiques, la piste du Darpa Grand Challenge est un parcours en plein désert, digne d'un Paris-Dakar.

    Très loin des circuits gentiment balisés des premiers essais de véhicules automatiques, la piste du Darpa Grand Challenge est un parcours en plein désert, digne d'un Paris-Dakar.

    Bien sûr la vitesse moyenne est faible (environ 30 km/h) mais c'est la première fois qu'une flotte de véhicules complètement autonomes parcourt une telle distance en situation réelle. Il n'est peut-être pas si loin le temps où l'on n'aura plus besoin de conduire sa voiture...