Air Liquide vient de recevoir le soutien de l’État français, sous couvert de la validation finale de la Commission européenne, pour lancer son projet Air Liquide Normand’Hy de production d’hydrogène renouvelable à grande échelle. Stéphane Vialet, directeur de projets de transition énergétique pour le Cluster Sud Ouest Europe, a accepté d’en parler à Futura lors du salon VivaTech 2022.


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    Avec le soutien de la France, le projet AirAir LiquideLiquide Normand'Hy va pouvoir être lancé. Futura a rencontré et interviewé Stéphane Vialet, directeur de projets de transition énergétiquetransition énergétique pour le Cluster Sud Ouest Europe chez Air Liquide.

    Futura : Pourriez-vous nous présenter ce projet d’électrolyseur, baptisé Air Liquide Normand’Hy ?

    Stéphane Vialet : Normand'Hy est un projet de production d'hydrogènehydrogène renouvelable à grande échelle d'une capacité de 200 MW. Il permettra d'en produire 20.000 tonnes par an et d'éviter les émissionsémissions de 200.000 tonnes de CO2 par an. L'hydrogène renouvelable va être produit à partir de la technologie d'électrolyseélectrolyse à membrane par échange de protonsprotons SiemensSiemens Energy, qui va utiliser de l'énergie renouvelableénergie renouvelable, c'est-à-dire solaire et éolienne, produite en France. L'installation, raccordée au réseau électriqueréseau électrique, produira au même moment l'hydrogène renouvelable où l'énergie renouvelable est produite et injectée sur le réseau. Cet hydrogène alimentera notamment les deux grandes raffineries de la région Normandie, Esso à Gravenchon-Port Jérôme sur Seine et TotalEnergies à Gonfreville.

    Futura : Comment ce projet participe-t-il à vos ambitions de transition énergétique ?

    Stéphane Vialet : Ce projet va représenter un cinquième de notre production d'hydrogène en région Normandie, actuellement à environ 100.000 tonnes. Nous allons petit à petit substituer la production existante à partir de méthane, donc d'origine fossilefossile et qui émet du CO2, par de l'hydrogène renouvelable qui n'en émet pas. Ce projet est une grande première pour Air Liquide puisque les précédents projets par électrolyse n'avaient une capacité que de 20 MW et nous passons désormais à 200 MW. Rappelons aussi que l'objectif d'Air Liquide est d'investir l'équivalent de 3 GW d'électrolyse d'ici 2030. Le projet Air Liquide Normand'Hy représente donc un premier pas vers le déploiement à grande échelle de ce type de technologies.

    L'hydrogène pour un air meilleur ! © peterschreiber.media, Adobe Stock
    L'hydrogène pour un air meilleur ! © peterschreiber.media, Adobe Stock

    Futura : Il participe aussi au fameux « net zéro » que tout le monde doit atteindre ?

    Stéphane Vialet : L'environnement est très important pour un groupe comme Air Liquide, ancré dans une société qui a pris des engagements à atteindre la neutralité carbone en 2050 et donc de commencer à diminuer de façon nette ses émissions de CO2 à compter de 2025. Comme notre activité consiste principalement à transformer de l'énergie, donc émettrice du CO2, nous devons inventer la croissance zéro carbonecarbone. Cela prend un peu de temps mais, à partir de 2025, quand des projets comme Air Liquide Normand'Hy vont démarrer, nous allons pouvoir amorcer la décrue avec un objectif chiffré de moins 30 % des émissions du groupe à partir de 2035, soit 24 millions de tonnes de CO2 par an au lieu des 36 millions de tonnes actuelles.

    Futura : Cette accélération passe-t-elle par l’innovation, laquelle occupe une place importante dans votre Groupe ?

    Stéphane Vialet : Le chemin de l'innovation dans un grand groupe comme Air Liquide passe par la R&D, en interne, mais aussi avec un écosystèmeécosystème de start-up et d'universités. Une fois que l'innovation est mûre pour être industrialisée, elle est transférée au département d'Ingénierie et ConstructionConstruction qui utilise ces innovations dans les nouveaux projets. Pour le projet Air Liquide Normand'Hy, nous utilisons une technologie d'un partenaire industriel avec lequel nous nous sommes associés, donc Siemens Energy, qui est mûre à un niveau TRL 8 ou 9 et donc, nous  pouvons d'ores et déjà la déployer à l'échelle industrielle.