Confrontés à des constats d’ordre éthique, six entreprises américaines spécialisées dans la robotique s'engagent à ne plus fabriquer des robots qui pourraient être utilisés pour tuer. Ils comptent également équiper leurs robots civils de systèmes permettant d’éviter de les détourner pour qu’ils ne se transforment en armes létales.


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    Cela fait quelques années que les robots tueurs ne font plus partie du domaine de l'imaginaire. Entre les drones tueurs autonomes, les robots assassins ou des robots comme le chienchien Spur équipé d'un fusil d’assaut, les exemples ne manquent pas. La technologie est adoptée ou détournée par de plus en plus d'États peu scrupuleux en matièrematière d'éthique. Au niveau du cadre légal, cela ne s'arrange pas non plus. Alors qu'à la fin de l'année dernière, les membres des Nations unies s'accordaient pour dire qu'il faut appliquer un cadre à leur utilisation, il n'était plus question de les interdire comme ce fut le cas l'année précédentes.

    Ce sont toujours les mêmes pays qui traînent les pieds sur un règlement :  l'Inde, la Russie et les États-Unis qui ne souhaitent pas de réglementation contraignante. Pourtant, il se pourrait bien que la décision visant à stopper la prolifération de ces systèmes d'armes létales autonomes (Sala), autrement dit les robots tueurs, proviennent finalement du secteur civil, du moins aux États-Unis.

    Halte au détournement des robots civils

    Ainsi Boston Dynamics et cinq autres constructeurs de robots (Agility Robotics, ANYbotics, Clearpath Robotics, Open Robotics et Unitree Robotics), viennent d'annoncer jeudi qu'ils arrêtaient le développement de robots à vocation militaire et qu'ils n'autoriseraient plus leur utilisation dans ce sens. Dans leur missive publique portée par Boston Dynamics, ils ont expliqué qu'ils considèrent que « l'ajout d'armes à des robots actionnés à distance ou de manière autonome [...] soulève de nouveaux risques et de graves problèmes éthiques. »

    Spur, le chien-robot, dans sa version non armée, conçu par Ghost Robotics qui ne s'est pas associé aux cinq signataires. © Ghost Robotics
    Spur, le chien-robot, dans sa version non armée, conçu par Ghost Robotics qui ne s'est pas associé aux cinq signataires. © Ghost Robotics

    Ce qui a attiré leur attention et renforcé cette décision, c'est qu'un petit nombre d'individus est parvenu à armer les versions commerciales de leurs robots. C'est notamment le cas de Spot, ou d'un robot suicide équipé d'une bombe qui avait été utilisé en 2016 par la police pour éliminer l'auteur d'une prise d'otage à Dallas. Les entreprises s'engagent également à développer de nouvelles briques technologiques qui pourraient empêcher de détourner les robots à ces fins.

    Pour ce qui est de l'existant, c'est-à-dire, les robots qu'ils ont développés en coordination avec l'armée ou les forces de sécurité, ils ne contestent pas leur utilisation tant qu'il ne s'agit pas d'un détournement. Reste que cette lettre n'a pas été signée par toutes les entreprises du secteur. C'est notamment le cas de Ghost Robotics qui a conçu le robot armé Spur.