Pour lutter contre l’envahisseur russe, l’armée ukrainienne compte se doter d’un million de drones cette année. Indispensables sur le terrain, ces drones rendent transparentes les manœuvres et ont totalement changé la façon de conduire la guerre. Explications.


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    Des drones coûtant quelques centaines ou milliers d'euros pour détruire des engins qui en valent plusieurs millions. Face aux énormes moyens russes et à un manque de munitions, c'est la stratégie sur laquelle mise l'Ukraine pour résister en amenuisant les forces adverses. Sur les réseaux sociauxréseaux sociaux, les images montrant les résultats des frappes avec des drones sur des blindés, de l'artillerie, des systèmes de guerre électronique ou bien des troupes sont nombreuses. Ces drones feraient énormément de dégâts côté russe, selon les chiffres communiqués par les forces ukrainiennes. Sur une seule semaine début novembre, ils auraient réalisé un record en détruisant 36 chars, 83 véhicules blindés, 6 lanceurslanceurs de roquettes multiples, ou encore 53 canons et neutralisé 317 soldats et de nombreux autres matériels divers.

    Et ce ne serait que le début, car le ministère de la défense ukrainienne a annoncé sa volonté de disposer d'une armada d'un million de drones cette année. Avec son expérience de terrain de guerre, Kyiv pourrait bien devenir un leader mondial de la production et de la conception de drones. L'économie de guerre fonctionne à plein régime pour les drones. Pour produire vite et à bas coût, la population est mise à contribution pour assembler des petits drones FPV. Pour des engins militaires à longue portée, comme le nouveau AQ 400 Scythe, c'est du rustique avec un fuselagefuselage en contreplaquécontreplaqué provenant d'usines d'ameublement et un moteur thermiquemoteur thermique de petite cylindrée. Cette conception basique, mais efficace permet de produire en massemasse avec un objectif, dans le cas de Scythe, de 1 000 drones suicides par mois.

    Destruction d’un char T-72 russe coûtant plusieurs centaines de milliers d’euros par un drone suicide FPV en valant quelques centaines. © Euromaiden Press

    Le drone change les tactiques sur le terrain

    Ces drones bien plus nombreux que les effectifs des forces ukrainiennes changent également la façon de faire la guerre. Les nuées de drones sur la ligne de front permettent d'obtenir un champ de bataille transparenttransparent où l'on peut suivre en temps réel les mouvementsmouvements de troupes. Il devient de fait presque impossible de dissimuler des concentrations de blindés pour préparer une offensive. À la moindre tentative de percée, un déluge d'artillerie et de drones suicides vient amenuiser les troupes. C'est en raison de ces drones, mais aussi de positions fortifiées que le front semble figé et que les prises de territoire russes patinent, autant que celles des Ukrainiens.

    Les drones ont fait évoluer les tactiques et désormais, les attaques prennent la forme d'infiltrations avec peu d'effectifs et un soutien d'artillerie. Ce procédé permet de faciliter la dissimulation des combattants aux yeuxyeux des drones. La nature du terrain peut également faciliter ou compliquer l'utilisation de drones. Ainsi, pour atteindre leur cible, les drones suicides en FPV sont pilotés de préférence depuis les hauteurs pour ne pas perdre la liaison radio. Les drones dictent également le choix des horaires des combats. Les attaques ont essentiellement lieu avant le lever ou après le coucher du soleilsoleil, heures auxquelles les drones deviennent aveugles. Bien plus onéreux, les drones équipés de caméras infrarougesinfrarouges existent, mais sont beaucoup moins nombreux pour couvrir le front.

    Si les drones révolutionnent la façon de conduire la guerre sur le terrain, leurs pertes sont également colossales. Selon un rapport du think tank britannique Royal United Services Institute, l'Ukraine perdrait autour de 300 drones par jour en raison des systèmes de brouillage russes répartis tous les 10 kilomètres sur la ligne de front. Il s'agirait essentiellement de petits drones quadrirotors issus du commerce. Pour compenser ces pertes et bloquer les percées de l'ennemi, il faut donc en produire massivement, vite et à bas coût. Ces conceptions qui sont parfois presque artisanales, permettent aussi d'être moins dépendant de constructeurs comme le Chinois DJI.