Exploiter l’énergie nucléaire est intrinsèquement dangereux. Mais pour limiter le risque, des mesures sont prises par les autorités. Des mesures aussi bien de sûreté que de sécurité.


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    Sûreté nucléaire. Sécurité nucléaire. Ces deux termes semblent proches. Ils renvoient tous les deux à des mesures qui permettent de garantir l'exploitation intrinsèquement dangereuse d'une centrale nucléaire -- et plus largement, d'une installation nucléaire -- avec le minimum de risque pour la population et pour l'environnement. Sûreté et sécurité nucléaire comptent sur une forme de culture -- comprenez à la fois la mémoire de ce qui a fonctionné par le passé, la manière dont est appréhendé l'environnement et la façon dont les gens doivent se comporter -- qui aide à les soutenir et à les pérenniser.

    Toutefois, dans les faits, les mesures de sécurité nucléaire et les mesures de sûreté nucléaires se révèlent très différentes.

    La sécurité nucléaire contre la malveillance

    Pour renforcer la sécurité des centrales nucléaires, EDF met en place différentes mesures. © EDF
    Pour renforcer la sécurité des centrales nucléaires, EDF met en place différentes mesures. © EDF

    Parlons d'abord de sécurité. Dans la bouche des professionnels du nucléaire -- la définition n'est en effet pas forcément la même dans tous les secteurs industriels --, ce terme est rattaché à toutes les mesures qui visent à protéger les matières nucléaires -- comme le plutonium ou l'uranium -- contre la perte, le vol, le détournement ou tout acte visant à les altérer, les détériorer ou les disperser. La sécurité nucléaire s'emploie aussi à protéger les installations dans lesquelles on trouve ces matières. Ceux qui les transportent, également.

    Ainsi, la sécurité nucléaire s'attache à mettre en place des mesures destinées à protéger les matières nucléaires et les activités qui leur sont liées. La lutte contre les actes de malveillance en tout genre -- y compris les tentatives de sabotage ou d'intrusion sur le périmètre d'une centrale nucléairecentrale nucléaire -- fait donc aussi partie de ses attributions. Tout comme la protection des informations sensibles relatives aux matières nucléaires. L'objectif premier de la sécurité nucléaire est de protéger la population, les travailleurs et l'environnement contre tout risque radiologique.

    C'est le Haut fonctionnaire de défense et de sécurité (HFDS) du ministère de la transition écologique, via son département de la sécurité nucléaire, qui est chargé de veiller à la bonne application de toutes ces mesures.

    La sûreté nucléaire pour éviter les accidents

    Le terme de sûreté nucléaire, quant à lui, se rapporte aux mesures techniques -- mais aussi organisationnelles -- visant, d'une part, à assurer des conditions de fonctionnement sans exposition excessive des travailleurs ou rejets de radioactivité dans l'environnement, d'autre part à prévenir les accidentsaccidents nucléaires et enfin, à en limiter leurs effets. Il est question ici, très directement, de conception et de fonctionnement des centrales et des réacteurs. Et la sûreté doit être assurée jusque dans le transport des déchets radioactifs et même jusqu'à l'arrêt d'une centrale et à son démantèlement.

    La gaine qui entoure les crayons combustiblescombustibles, l'enveloppe en acier inoxydableacier inoxydable destinée à maintenir l'étanchéitéétanchéité du circuit de refroidissement de ces crayons d'uranium ou encore l'enceinte de confinement des réacteurs en béton armébéton armé constituent les premières barrières de sûreté. À celles-ci s'ajoutent notamment la redondance, la diversification et la séparationséparation physiquephysique ainsi que le retour d'expérience, la formation et la prise en compte des risques externes -- de type séismeséisme, inondationinondation, etc.

    En France, c'est l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui contrôlent le niveau de sûreté des centrales nucléaires en particulier et des autres installations nucléaires également -- celles à caractère médical, par exemple. Essentiellement, l'IRSN mène les travaux de recherche scientifique en la matière qui éclairent les avis et les autorisations de l'ASN. À compter du 1er janvier 2025, les deux seront fusionnés au sein de l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).