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    La mission de sauvetage de Zeugma-Moyenne Vallée de l'Euphrate a été mise en place en 1995, lorsque la communauté scientifique apprit l'existence d'un projet de barrage à Birecik, à une vingtaine de kilomètres au nord de la frontière entre la Turquie et la Syrie.

    Mosaïque de l’enlèvement d’Europe au musée de Zeugma, à Gaziantep, en Turquie. © Bernard Gagnon, CC by-sa 3.0
    Mosaïque de l’enlèvement d’Europe au musée de Zeugma, à Gaziantep, en Turquie. © Bernard Gagnon, CC by-sa 3.0

    Le lac de retenue devait immerger une partie de la Moyenne Vallée de l'Euphrate et occasionner la disparition de plusieurs dizaines de sites, toutes époques confondues. Il fut donc décidé d'intervenir, afin de rassembler le maximum d'informations sur cette partie de la vallée de l'Euphrate qui était destinée à disparaître irrémédiablement alors qu'elle fut, de tout temps, un lieu de passage et d'échanges très riches. Le ministère français des Affaires étrangères a supporté cette action, ainsi que, à partir de 2000, le Packard Humanities Institute. Les missions furent conduites sous la direction de C. Abadie-Reynal.

    Le barrage de Birecik vu de l'amont, avant sa mise en eau. © Stéphane Compoint (Corbis Sigma) - Toute reproduction interdite
    Le barrage de Birecik vu de l'amont, avant sa mise en eau. © Stéphane Compoint (Corbis Sigma) - Toute reproduction interdite

    Une opération de sauvetage franco-turque

    Trois sites furent concernés par cette opération de sauvetage franco-turque, mise en place avec le Musée de Gaziantep et l'Institut français d'Études anatoliennes. En amont, Horum Höyük, dont l'occupation s'échelonne entre le chalcolithique et l'époque médiévale, a fait l'objet de travaux conduits par C. Marro et A. Tibet et principalement axés sur la période protohistorique.

    La vallée de l'Euphrate vue des hauteurs de Zeugma. © Catherine Abadie Reynal (Mission Zeugma) - Toute reproduction interdite
    La vallée de l'Euphrate vue des hauteurs de Zeugma. © Catherine Abadie Reynal (Mission Zeugma) - Toute reproduction interdite

    À huit kilomètres en aval, deux autres sites, localisés face à face, Apamée, sur la rive gauche, et Séleucie-Zeugma, sur la rive droite de l'Euphrate, ont été fouillés par nos équipes. Le travail sur le terrain était considérable : deux villes d'époque classique devaient être étudiées en un temps très limité, puisque nous ne disposions que de cinq années avant la mise en eau du barrage qui devait immerger l'ensemble de la ville d'Apamée et le tiers inférieur du site de Zeugma. Nous avons donc été amenés à choisir une problématique très précise d'étude de ces sites, mettant l'accent sur le fleuve, l'importance et les conditions de son franchissement ainsi que son rôle dans l'implantation et l'organisation des villes. D'autre part, lorsque cela était possible, nous avons eu recours à l'utilisation de techniques nouvelles comme la prospection électrique et magnétique, dont la mise en œuvre a été effectuée sous la direction de N. Florsch.

    Grâce à ces choix, deux nouvelles villes de l'Antiquité classique ont été en partie ressuscitées : elles nous donnent une image très diversifiée de l'urbanisme grec qui a su s'adapter aux exigences du terrain et surtout nous révèlent la richesse d'une région située aux confins des mondes grec et romain, qui jusqu'à présent était très mal connue.