En Chine, le Starry Sky 2 a été propulsé vendredi 3 août par une fusée pour atteindre de lui-même la vitesse de Mach 6. Utilisé dans un objectif militaire, cet appareil hypersonique pourrait transporter des ogives et échapper aux meilleurs systèmes antimissiles existants.

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    Vidéo à l'appui, la Chine affirme avoir réussi son premier lancement test d'un prototype d'aéronef hypersonique vendredi 3 août. Baptisé Xingkong 2, ou Starry Sky 2 (le nom anglais utilisé par la presse internationale), l'avion est parvenu à atteindre la vitesse hypersonique de Mach 6 (7.344 km/h).

    Il a d'abord été propulsé par une fuséefusée au propergol solide traditionnelle avant de s'en séparer et de poursuivre ses évolutions de façon indépendante. Avec son propre système de propulsion, il a ensuite atteint les Mach 5,5 durant près de sept minutes, puis a culminé à Mach 6. Pour cela, l'avion est doté d'un fuselage ultraplat, dont les angles ont été précisément orientés pour exploiter les ondes de choc générées par la vitesse. C'est ce procédé qui permet d'atteindre ce niveau hypersonique débutant aux alentours de Mach 5.

    Reposant sur une technologie baptisée Waverider, l'aéronef a surfé sur une vaguevague. La particularité est qu'il y a augmentation de la vélocité grâce aux propres ondes de choc générées par la vitesse de l'appareil.

    Le prototype a été construit par la China Academy of Aerospace Aerodynamics (CAAA). Le test a été un succès complet, selon le China Daily, et l'appareil se serait même posé sur la zone d'atterrissage prévue. La vidéo ci-dessous montre les premières étapes de cette mission, mais pas son issue.


    Sur cette vidéo, on peut voir la phase de mise en place et de décollage de la fusée enfermant le prototype. © China Central Television (CCTV), YouTube

    Les ambitions chinoises de l'hypersonique

    Cela fait un moment que la Chine a des ambitions dans le domaine des engins hypersoniques. Le pays avait déjà effectué dès 2014 des essais sur un « planeur » hypervéloce, le Wu 14, lancé à partir d'un missilemissile. Il serait capable d'évoluer à Mach 10. Six vols auraient déjà été menés.

    Plus récemment, en février 2018, des chercheurs de l'académie des Sciences de Pékin présentaient les résultats d'expérimentations réalisées sur l'I Plane, un concept d'avion de ligne hypersonique capable d'embarquer une cinquantaine de passagers. Un tel avion permettrait de traverser l'Atlantique en une heure à une vitesse de 7.000 km/h. De même, toujours en Chine, le 20 mars dernier, l'agence Chine Nouvelle annonçait que le pays était en train de construire une gigantesque soufflerie de 265 mètres de long et pouvant simuler des vitesses allant jusqu'à Mach 25.

    S'il n'est pas clairement annoncé, l'objectif pour Pékin n'est pas tant d'exploiter ce type d'engin pour déplacer des passagers à grande vitesse, mais plutôt de l'utiliser de façon militaire. En raison de sa grande manœuvrabilité, un tel avion pourrait facilement échapper aux systèmes de défense anti-missile. Avec des missiles de croisière balistiques classiques, ces systèmes font déjà montre d'une efficacité très relative. Avec une telle technologie, ils seraient incapables d'anticiper la trajectoire nécessaire à la destruction du missile.

    La course aux missiles hypersoniques

    De leur côté, les Américains ont de l'avance. Dès 2010, l'armée américaine a ainsi réalisé des tests dans ce domaine avec une mise en service de missiles hypersoniquesmissiles hypersoniques opérationnels prévue pour l'horizon 2023. En 2013, un B-52 avait largué un prototype, le X-51A. Celui-ci avait atteint la vitesse de Mach 5,1 durant quatre minutes. L'appareil exploitait la même technologie Waverider que le Starry Sky 2 chinois. Les Russes ont également effectué leurs propres essais avec des missiles hypersoniques en février dernier. La France n'est pas en reste, puisqu'elle dispose de plusieurs souffleries hypersoniques. La plus véloce culmine à Mach 21.

    Avec cet essai, la Chine prouve qu'elle peut se hisser au niveau des États-Unis et de la Russie, et peut-être même faire mieux. Espérons que la technologie se dirige davantage vers un usage civil, comme Boeing envisage de le faire avec son projet Skylon.