Deux traces dans le ciel saisies hier 16 août par le télescope de 1,8 mètre de Kitt Peak en Arizona, et ce sont tous les espoirs que les scientifiques, astronomes et astrophysiciens du monde entier plaçaient dans la sonde spatiale qui allaient révolutionner notre connaissance des comètes, qui s'anéantissent.

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    Ces quatre traces représentent les deux débris repérés jusqu'ici (il s'agit d'une double pose).Image (c) 2002 The Spacewatch Project, Lunar and Planetary Laboratory, The University of Arizona.

    Ces quatre traces représentent les deux débris repérés jusqu'ici (il s'agit d'une double pose).Image (c) 2002 The Spacewatch Project, Lunar and Planetary Laboratory, The University of Arizona.

    Le 3 juillet dernier à 06h47 TU, une fuséefusée DeltaDelta-II s'envolait de Cap Canaveral avec, sous sa coiffe, CONTOUR (COmet Nucleus TOUR), une sonde spatiale de conception révolutionnaire puisqu'elle ambitionnait d'explorer pas moins de cinq comètes en un peu plus de vingt ans. Six semaines plus tard, tout est terminé et ce qui reste de la sonde, quelques débris, semblent filer bien vainement vers la noyau de la comète d'Encke qu'ils devraient croiser fin de l'année prochaine...

    Tout s'est produit de façon totalement inattendue. Alors que tout laissait présager le succès de la mission. CONTOUR - d'abord placée sur une orbite terrestre dite "de parking" - devait accélérer hier 16 août à 08h49 TU par l'allumage de son moteur à carburant solide, augmentant sa vitessevitesse de 9612 km/heure de façon à quitter l'attraction terrestre et s'élancer vers le Système solaireSystème solaire extérieur.

    Apparemment, le moteur s'est bien mis en route, mais tout contact était immédiatement perdu avec la sonde. Ceci n'inquiétait pas les techniciens, car durant cette accélération, l'orientation de l'engin spatial empêchait son antenne à grand gain de s'orienter vers notre planète et il fallait attendre qu'elle reprenne automatiquement une position favorable pour pouvoir communiquer, ce qui devait se produire vers 09h30 TU.

    Mais l'attente a été vaine et plus aucun signal n'a été reçu. Durant les 24 heures suivantes, les "grandes oreilles" du réseau Deep Space ont aussi tenté en vain de reprendre contact avec la sonde. Puis en soirée, le télescopetélescope de 1,8 mètre de Kitt Peak en Arizona annonçait avoir repéré et photographié, à l'endroit exact où devrait se trouver CONTOUR après allumage de son moteur, deux débris s'éloignant sur des trajectoires parallèles de la Terre, déjà distants de plus de 400.000 km.

    L'identité de ces objet n'a pas encore été formellement établie. Toutefois, découvrir par hasard des débris sur la trajectoire exacte de la sonde relèverait d'une coïncidence à faire pâlir d'envie tous les joueurs de loterie de la planète...

    Qu'a-t-il bien pu se passer ? Le moteur de la sonde, probablement à l'origine d'une explosion, relevait d'une technologie largement éprouvée et était considéré comme parfaitement sûr. A carburant solide, il ne nécessite même pas de réservoirs pressurisés, ni pompe à injection, et très peu de pièces mobilesmobiles. De plus, il semble bien que l'explosion se soit produite en fin de combustioncombustion et non à la mise à feufeu, puisque la trajectoire acquise semble très proche de celle visée.

    Il n'est pas exclu que CONTOUR se soit brisée en plusieurs parties suite à un excès de contraintes, ou d'un affaiblissement de structure (collision avec un débris spatial en orbite ?), ou que pour une raison inconnue, elle soit entrée en rotation rapide suite à un mauvais fonctionnement (dissymétrie ?) de son moteur, la force centrifugeforce centrifuge entraînant sa dislocation. Une enquête, appuyée de nombreuses simulations à la NasaNasa, devrait nous en apprendre plus à ce sujet.

    Quoi qu'il en soit, les chercheurs perdent avec CONTOUR un moyen d'investigation unique, dont aucun système de remplacement n'est actuellement envisagé. Et il y a fort à parier qu'il faudra attendre encore de nombreuses années avant qu'une mission similaire soit mise en chantier.

    Synopsis de la mission, tel qu'il était prévu à l'origine :

    Pesant 970 kgkg, soit 80 kg de carburant, 503 kg pour le moteur et 387 kg de charge utile (dry spacecraft), sa mission est extrêmement complexe, et prévoit la visite et l'observation in situ d'au moins deux comètes, le nombre de survolssurvols pouvant être porté à cinq.

    Mission de base :

    3 juillet 2002 : lancement.
    15 août 2002 : injection sur une orbite solaire.
    15 août 2003 : survol de la Terre, réaction de gravitationgravitation, calibration des instruments.
    12 novembre 2003 : survol de la comète d'Encke.
    14 août 2004 : survol de la Terre, réaction de gravitation.
    10 février 2005 : survol de la Terre, réaction de gravitation.
    10 février 2006 : survol de la Terre, réaction de gravitation.
    19 juin 2006 : survol de la comète Schwassmann-Washmann 3.
    30 septembre 2006 : fin de la mission de base.

    Extension de mission probable :

    16 août 2008 : survol de la comète d'Arrest.
    2 octobre 2015 : survol de la comète Tempel 2.
    12 septembre 2023 : nouveau survol de la comète d'Encke.

    Principaux objectifs de la mission :

    - transmettre des images des noyaux cométaires avec une résolutionrésolution de 4 mètres.
    - obtenir des cartographies spectrales des noyaux cométaires.
    - analyser les gazgaz et poussières dans l'environnement immédiat des noyaux.

    Par Rama, Futura-Sciences Belgique