Certaines régions de notre Univers sont quasiment vides. Les trous noirs supermassifs qui se cachent au cœur des galaxies qui ont élu domicile dans ces régions ne devraient donc pas avoir grand-chose à se mettre sous la dent. Et pourtant…


au sommaire


    Dans notre Univers, 80 % des galaxies se concentrent dans des régions denses. Les autres évoluent dans des régions quasiment vides qui s'étendent sur des centaines de millions d'années-lumière et remplissent la moitié de l'espace. Des galaxies qualifiées d'isolées. Qui vivent leur « vie » à l'abri des interférences extérieures. Et c'est ce qui intéresse les astronomesastronomes qui les étudient. Car ils y voient l'opportunité d'en apprendre plus sur l'évolution des galaxies lorsqu'elles ne sont perturbées par presque aucun événement extérieur.

    C'est le cas aussi des trous noirs supermassifs qui se cachent en leur cœur. Ils ont, sur le papier au moins, peu d'étoiles et de gazgaz à leur disposition pour se nourrir. Pourtant, selon des travaux menés par des chercheurs de l’université James Madison (États-Unis), les repas des trous noirs supermassifstrous noirs supermassifs au centre de galaxies isolées peuvent, dans certains cas, être aussi copieux que ceux de leurs cousins des galaxies plus classiques.

    Des trous noirs qui s’épanouissent en l’absence de concurrence ?

    En se concentrant sur les émissionsémissions infrarougesinfrarouges, les chercheurs ont étudié plusieurs milliers de galaxies. Ils montrent que les isolées plus petites que notre Voie lactée sont même plus susceptibles d'abriter un trou noir supermassif vorace -- ce que les astronomes appellent un noyau galactique actif -- que celles qui se trouvent dans les régions plus denses de l'Univers. Pour les galaxies semblables à la nôtre ou plus grandes, c'est l'inverse.

    Les chercheurs y voient une preuve supplémentaire d'un cycle de vie des galaxies comme ralenti dans les régions vides de l'Univers. Puisqu'il s'y produit moins de collisions de galaxies, les petites galaxies mettent plus longtemps à fusionner pour former des galaxies plus grandes. Dans les régions denses, le processus a déjà eu lieu. Le tumulte est en quelque sorte déjà un peu passé. Mais la découverte questionne tout de même le rôle des collisions de galaxies dans l'apparition des noyaux galactiques actifs. Elle remet en effet en cause le fait que ces collisions soient indispensables au déclenchement du phénomène. Et finalement, l'absence de concurrence pourrait être bénéfique à ces trous noirs supermassifs isolés. Pas de galaxie pour les alimenter, certes. Mais pas non plus pour les dépouiller de leur gaz...