Les tempêtes géomagnétiques ont longtemps été totalement imprévisibles. Aujourd’hui, grâce à des mesures satellites et une intelligence artificielle, des chercheurs promettent de pouvoir alerter quelque 30 minutes avant qu’elles se produisent. C’est déjà ça.


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    Si une tempête solaire de l'ampleur au moins de celle qui a frappé la Terre en 1859 -- celle qui est restée dans les livres d'histoire comme « l'événement de Carrington » -- venait à se reproduire, ce sont toutes nos infrastructures électriques et nos réseaux de communication qui seraient menacés. Et avec eux, des populations toutes entières. À l'approche du maximum solaire du cycle 25, ce risque augmente. Et malgré les efforts déployés par les scientifiques, les éruptions solaires à l'origine de ces événements restent difficiles à prévoir. Des chercheurs de la Nasa confirment aujourd'hui qu'ils auraient bien du mal à nous donner un temps de réaction supérieur à... 30 minutes !

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    Une violente tempête solaire pourrait-elle mener au chaos notre civilisation ?

    Toutefois les scientifiques nous rassurent. Selon eux, 30 minutes, cela pourrait correspondre à tout juste le temps nécessaire pour se préparer et éviter le pire pour les installations les plus critiques. Le tout grâce à des images satellites et à l'intelligence artificielle.

    Grâce à des images satellites et à l'IA, l’intelligence artificielle. Les développeurs de Dagger ont comparé les prédictions de leur modèle aux mesures effectuées lors de la tempête solaire d’août 2011. En haut, des points colorés montrent les mesures prises à ce moment-là. Les couleurs indiquent l’intensité des perturbations géomagnétiques qui peuvent induire des courants dans les réseaux électriques, l’orange et le rouge indiquant les effets les plus forts. En bas, les prévisions de Dagger montrent les perturbations les plus intenses à peu près aux mêmes endroits autour du pôle Nord. © V. Upendran <em>et al.</em>, <em>Frontier Development Lab</em> 
    Grâce à des images satellites et à l'IA, l’intelligence artificielle. Les développeurs de Dagger ont comparé les prédictions de leur modèle aux mesures effectuées lors de la tempête solaire d’août 2011. En haut, des points colorés montrent les mesures prises à ce moment-là. Les couleurs indiquent l’intensité des perturbations géomagnétiques qui peuvent induire des courants dans les réseaux électriques, l’orange et le rouge indiquant les effets les plus forts. En bas, les prévisions de Dagger montrent les perturbations les plus intenses à peu près aux mêmes endroits autour du pôle Nord. © V. Upendran et al., Frontier Development Lab 

    Mettre les systèmes critiques à l’abri grâce à l’IA

    Les chercheurs ont en effet appliqué une méthode dite d'apprentissage profondapprentissage profond -- ou deep learning -- pour entraîner leurs ordinateursordinateurs à faire le lien entre des mesures de vent solaire -- obtenues par les nombreuses missions héliophysiques de type ACE, Wind ou encore Geotail -- et des perturbations géomagnétiques enregistrées sur Terre. Ils ont ensuite développé un modèle baptisé Dagger -- pour Deep Learning Geomagnetic Perturbation -- et capable de prévoir où frapperont les perturbations géomagnétiques en moins d'une seconde, et ce, 30 minutes, donc, avant qu'elles se produisent.

    Le code informatique du modèle est accessible en open sourceopen source. Les chercheurs espèrent ainsi qu'il pourra être adopté par les opérateurs de réseaux électriques, les contrôleurs de satellites, les entreprises de télécommunications et d'autres encore pour appliquer ces prévisions à leurs besoins spécifiques. Et un jour peut-être, des sirènes d'alarme retentiront-elles dans les centrales électriques pour ordonner la mise hors ligne temporaire d'un système sensible.