Le satellite de l'astéroïde Didymos, que les sondes Dart et Hera, respectivement américaine et européenne, exploreront dans le cadre de la mission conjointe Aida, vient d'être baptisé officiellement Dimorphos.


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    En juillet 2021 est prévu le lancement d'Aida, mission conjointe entre la Nasa et l'ESA et première mission en conditions réelles de test de déviation d'un astéroïde. Qu'on se rassure, l'astéroïde visé ne menace pas la Terre et cette mission ne changera pas ce fait. Par contre, cette expérience évaluera notre capacité à répondre, si nécessaire un jour, à la menace d'un astéroïde se dirigeant vers notre Planète et, bien évidemment, nous permettra en d'apprendre plus sur ce système astéroïdal.

    Autour du Soleil, l'orbite de Didymos (en blanc) et des planètes : Mercure en rose, Vénus en violet, la Terre en bleu et Mars en rouge. © JPL Small-Body Database 
    Autour du Soleil, l'orbite de Didymos (en blanc) et des planètes : Mercure en rose, Vénus en violet, la Terre en bleu et Mars en rouge. © JPL Small-Body Database 

    Deux sondes pour explorer un astéroïde binaire

    La destination de cette mission est un astéroïde binairebinaire, (65803) Didymos. Le corps primaire (le plus gros) de cette paire, Didymos à proprement parler, a été découvert en 1996 par Joe Montani, du projet Spacewatch à l'Université de l'Arizona. Il mesure environ 780 mètres de large. Son compagnon, lui, a été découvert en 2003 par Petr Pravec, à l'Observatoire Ondřejov, en Tchéquie, en analysant la variation de luminositéluminosité de Didymos, encore connu sous sa désignation provisoire 1996 GT à l'époque. Une fois l'existence de ce compagnon confirmée, 1996 GT reçut son nom définitif qui signifie « jumeaujumeau » en grec.

    Courbe de lumière de Didymos (courbe donnant la variation de luminosité au cours du temps). © Pravec et al., 2006
    Courbe de lumière de Didymos (courbe donnant la variation de luminosité au cours du temps). © Pravec et al., 2006

    Ce n'est cependant pas Didymos lui-même qui sera l'objet d'étude principal d'Aida, mais justement son satellite. En effet, la sonde américaine DartDart, première partie de la mission, s'écrasera délibérément en 2022 sur ce compagnon pour dévier légèrement sa trajectoire autour de Didymos, ce qui du même coup créera un cratère notable. Il faut bien noter que cette collision ne changera pas l'orbite de la paire autour du Soleil, donc ne changera pas le fait que la paire d'astéroïdes ne menace pas la Terre.

    L'impact sera enregistré par le CubeSatCubeSat italien LiciaCube, qui sera déployé par Dart quelques jours auparavant, puis les effets à plus long terme seront étudiés depuis des télescopes sur Terre et dans l'espace. La sonde européenne HeraHera, qui décollera en 2024, rejoindra le système astéroïdal trois ans plus tard pour étudier ses changements physiques et orbitaux. Hera libérera également deux CubeSats, dont le CubseSat Juventas, qui sera la première sonde spatiale à utiliser un radar basse fréquencefréquence pour scanner la structure interne d'un astéroïde.

    Dimorphos, un astéroïde à deux visages

    Le compagnon de Didymos, qui mesure environ 160 mètres et orbite à environ 1 kilomètre de Didymos, aura donc deux visages significativement différents entre ce que verront Dart et Hera, d'où le nom qui lui a été officiellement attribué ce mardi 23 juin : Dimorphos, ce qui signifie « qui a deux formes » en grec. Ce nom a été suggéré par Kleomenis Tsiganis, planétologue à l'Université AristoteAristote de Thessalonique et à la fois membre de l'équipe de Dart et de celle d'Hera.

    Reconstitution de Didymos et Dimorphos à partir de leur courbe de lumière et d'observations radar. © Nasa/Naidu et al., Aida Workshop, 2016
    Reconstitution de Didymos et Dimorphos à partir de leur courbe de lumière et d'observations radar. © Nasa/Naidu et al., Aida Workshop, 2016