Dépenser de l’énergie à tout-va, être continuellement actif… Du point de vue de l’évolution, c’est une grave erreur ! Une étude sur des mollusques montre que les espèces qui ont un métabolisme intense risquent plus l'extinction. Un véritable éloge de la paresse.


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    La fainéantise, une bonne stratégie pour survivre ? L'idée qu'en faire le moins possible nous réussit a de quoi séduire. C'est en tout cas ce que suggère cette nouvelle étude parue dans la revue Proceedings of the Royal Society B, qui s'est intéressée à des mollusquesmollusques vivant dans l'océan Atlantique.  

    Pour leurs travaux, les chercheurs ont calculé le métabolismemétabolisme de base de 299 animaux, bivalves ou gastéropodes, actuels ou fossilesfossiles. Ils ont choisi de travailler sur des mollusques de l'ouest de l'océan Atlantique car ils disposaient de beaucoup de matériel et de données de répartition de ces animaux. La période d'étude couvrait environ cinq millions d'années, allant du pliocènepliocène à nos jours.

    Le saviez-vous ?

    Le métabolisme de base correspond à la quantité d’énergie dont l’animal a besoin pour vivre au quotidien.

    Pour faire leur calcul sur le métabolisme, les chercheurs ont d'abord dû déterminer la température de l'océan grâce à un modèle sur le climatclimat de la Terre. Ils ont aussi tenu compte de la taille de l'animal. C'est ainsi qu'ils ont observé une différence significative de métabolisme entre les animaux qui se sont éteints et ceux qui ont survécu : les espècesespèces disparues avaient tendance à avoir des métabolismes de base plus élevés que les espèces toujours vivantes.

    Les chercheurs ont travaillé sur des bivalves actuels et fossiles. © BSANI, Fotolia
    Les chercheurs ont travaillé sur des bivalves actuels et fossiles. © BSANI, Fotolia

    Un métabolisme de base élevé prédit un risque d’extinction de l’espèce

    Ces travaux pourraient avoir des implications pour prévoir quelles sont les espèces qui risquent de disparaître, notamment à cause du changement climatiquechangement climatique. Mais le métabolisme de base n'est probablement pas le seul paramètre à prendre en compte. L'équipe a trouvé qu'un métabolisme de base élevé était un bon indicateur de la probabilité d'extinction surtout si l'espèce vit dans un habitat restreint : c'était moins vrai lorsqu'elle était répartie sur un large territoire de l'océan. Luke Strotz, principal auteur de cette recherche, le confirme dans un communiqué de l’université du Kansas : « La taille de l'aire de répartitionaire de répartition est une composante importante de la probabilité d'extinction. »

    Peut-être qu'à long terme, la meilleure stratégie évolutive pour les animaux sera d'être languissant et paresseux

    Cette étude chamboule un peu les préjugés que l'on peut avoir sur l'évolution et la sélection des individus : ce n'est pas forcément l'espèce la plus capable qui survit, mais plutôt la plus apathique ! Bruce Lieberman, professeur à l'université d'Oxford, en convient : « Peut-être qu'à long terme, la meilleure stratégie évolutive pour les animaux sera d'être languissant et paresseuxparesseux. »

    Mais est-ce vrai pour des espèces de vertébrésvertébrés et notamment l'Homme ?  Pour le savoir, il faudra élargir ces recherches à d'autres groupes d'animaux pour déterminer si le phénomène concerne uniquement les mollusques ou s'il peut être généralisé. Mais d'après Luke Strotz « Nous voyons ces résultats comme généralisables à d'autres groupes, du moins dans le domaine marin. »

    Au-delà d'une incitation à la paresse, ces travaux montrent surtout que la nature sélectionne l'efficacité énergétique : des individus qui parviennent au même résultat que les autres en s'agitant le moins possible...