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La grippe aviaire est avant tout une maladie animale qui exige une intervention sur le front vétérinaire.© FAO
Le virus, qui se propage actuellement vers l'Ouest le long des routes des oiseaux migrateursmigrateurs, est désormais arrivé aux portesportes de l'Europe. A ce rythme, il devrait atteindre très prochainement le Moyen-Orient et certains pays d'Afrique.
La situation actuelle d'influenzainfluenza aviaire ne devrait en aucun cas semer la panique ; elle requiert au contraire une réponse rationnelle et immédiate pour lutter contre la maladie à sa source, c'est-à-dire chez les animaux.
Le virus peut être combattu et maîtrisé si les pays et la communauté internationale travaillent en étroite coopération et mettent en place des programmes efficaces de vigilance et de lutte. Les manifestations du virus chez les animaux doivent faire l'objet d'un dépistagedépistage précoce, les volailles infectées doivent être abattues et les animaux à risque vaccinés. Réduire l'influenza aviaire chez les animaux contribue directement à protéger la santé humaine.
Les pays développés disposent de tous les moyens et outils pour intervenir sans délais en cas de flambée de grippe aviairegrippe aviaire.
L'épicentre
C'est l'épicentreépicentre de la maladie en Asie du Sud-Est qui inquiète davantage la FAOFAO. En effet, le virus y est devenu endémiqueendémique et certains pays sont victimes de fortes infections virales. En outre, la propagation éventuelle du virus aux pays africains serait une catastrophe, étant donné le manque d'infrastructures sanitaires et vétérinairesvétérinaires dans les pays pauvres.
Nous ne devons pas nous sentir impuissants face à la grippe aviaire. Les pays touchés en Asie du Sud-Est ont montré que le virus peut être circonscrit avec succès.
La Thaïlande a obtenu une réduction considérable des foyers en investissant massivement dans la lutte contre la maladie chez les volailles (abattage, surveillance améliorée et recherche active de la maladie).
Au Viet Nam, une meilleure hygiène dans les exploitations, de meilleures pratiques agricoles, le contrôle des mouvements de volailles et des campagnes de vaccinationvaccination réduiront la fréquence des flambées d'influenza aviaire. Plusieurs pays comme la Malaisie, la Corée du Sud et le Japon ont éliminé la maladie rapidement dès l'apparition de nouveaux foyers.
Soutenir les vétérinaires
Pour gagner la bataille contre la grippe aviaire, les contacts étroits entre humains, volailles domestiques et oiseaux sauvages doivent être limités; les poulets, les canards et autres espècesespèces domestiques doivent être séparés; les oiseaux sauvages doivent être tenus à l'écart de la production avicole autant que possible; les marchés d'animaux, et plus particulièrement les marchés flottants d'Asie du Sud-Est où règne la promiscuité entre les animaux sauvages et les animaux domestiques, doivent être surveillés de très près.
Il est regrettable que le débat public porte surtout sur les aspects de la grippe aviaire liés à la santé humaine et néglige l'insuffisance des services vétérinaires dans de nombreux pays pauvres. Les pays touchés et la communauté internationale doivent investir davantage et de toute urgence dans un soutien aux vétérinaires et aux agents de santé animale, car ceux-ci représentent la première ligne de défense contre le virus.
La FAO et l'Organisation mondiale pour la santé animale (OIEOIE) ont mis au point une stratégie mondiale détaillée pour la lutte contre la grippe aviaire chez les animaux. Elles ont évalué à environ 175 millions de dollars le coût de la mise en œuvre de cette stratégie qui englobe la surveillance, le diagnosticdiagnostic et d'autres mesures de lutte, notamment la vaccination. Nous accusons un grave déficit de fonds et, à ce jour, n'avons reçu qu'environ 30 millions de dollars de l'Allemagne, du Japon, des Pays-Bas, de la Suisse et des Etats-Unis.
Les pays à risque et la communauté internationale doivent agir sans délai pour maîtriser la grippe aviaire à la source, c'est-à-dire chez les animaux. Nous ne pouvons nous permettre d'attendre et d'affronter ensuite la maladie à coup de médicaments et d'hospitalisations, c'est dans les basses-cours qu'il faut éliminer le virus. Mieux vaut prévenir que guérir.
Entretien de Jacques Diouf, Directeur général de la FAO