au sommaire
- Parcourez notre dossier complet sur le boson de Higgs
Tout le monde attendait la conférence de ce matin du 4 juillet 2012 au Cern, annonçant les derniers résultats de la chasse au boson de Higgs. Avait-on enfin découvert la mythique particule censée expliquer l'origine des masses des quarks et des leptons du modèle standardmodèle standard et plus précisément celles des particules médiatrices des forces du modèles électrofaibles ? Les rumeurs de la découverte de ce boson allaient bon train mais la seule chose certaine était que quatre des six physiciensphysiciens ayant introduit le mécanisme dit de Brout-Englert-Higgs en 1964 seraient bien présents pour écouter ce que les deux porteporte-paroles des expériences phares du LHC allaient dire.
C'est Joe Incandela qui a pris la parole le premier, au nom de la collaboration CMSCMS, puis ce fut le tour de Fabiola Gianotti pour Atlas. Dans les deux cas l'émotion a saisi l'assemblée ainsi bien sûr que tous les physiciens suivant le séminaire sur InternetInternet, lorsque les deux chercheurs ont dévoilé les résultats des analyses faites.
En rouge on voit la trajectoire de 4 muons dans le détecteur Atlas, résultant très probablement de la désintégration d'un boson de Higgs. © ATLAS, Collaboration-Cern
Il y a très peu de doute que les détecteurs Atlas et CMS aient effectivement permis de découvrir une nouvelle particule dans les produits de collisions de faisceaux de protonsprotons durant les années 2011 et 2012 au Cern. Dans les deux cas, il s'agit d'un boson dont la masse est d'environ 126 GeVGeV et qui se désintègre en d'autres particules selon des réactions similaires. On observe ainsi des paires de photons gamma et des quadruplets de leptons (comme des muonsmuons ou des électronsélectrons), ainsi que d'autres produits de désintégrations.
Un boson dont l'identité est encore incertaine
Surtout, si l'on compare les deux détecteurs à deux appareils de réceptionréception radio cherchant à écouter une station à une fréquencefréquence donnée au-dessus d'un bruit de fond, la musique qu'ils écoutent maintenant est devenue beaucoup plus clairement audible. En termes techniques, on dit que le signal est au-dessus du bruit de fond à 5 sigma dans les deux appareils. C'est un peu comme si on écoutait une partie d'une symphonie de Mozart et qu'il n'y ait que 0,00003 % de chance environ que des fluctuations dans le bruit de fond aient reproduit par hasard ce morceau de musique.
John Ellis, le grand physicien théoricien, répond à la question : qu'est-ce que le boson de Higgs et comment le recherche-t-on ? © CernTV, YouTube
Cinq sigma, c'est le seuil que l'on doit atteindre, dans deux appareils de détections différents, pour éviter des erreurs systématiques, et pouvoir affirmer avoir fait une découverte en physiquephysique. Peut-on dire pour autant que l'on a découvert le boson de Higgs ?
Pas encore....
Cependant, comme le dit le directeur de la recherche du Cern, Sergio Bertolucci : « Il est difficile de ne pas s'enthousiasmer. Nous avions dit l'année dernière qu'en 2012, soit nous trouverions une nouvelle particule semblable au boson de Higgs, soit nous exclurions l'existence du Higgs du modèle standard. Avec toute la prudence qui s'impose, nous nous trouvons, il me semble, à un croisement : l'observation de cette nouvelle particule nous montre la voie à suivre dans l'avenir pour mieux comprendre ce que nous observons dans les données ». Ce à quoi Rolf Heuer, le directeur général du Cern, a ajouté : « Nous avons franchi une nouvelle étape dans notre compréhension de la nature. La découverte d'une particule dont les caractéristiques sont compatibles avec celles du boson de Higgs ouvre la voie à des études plus poussées, exigeant davantage de statistiques, qui établiront les propriétés de la nouvelle particule ; elle devrait par ailleurs lever le voile sur d'autres mystères de notre universunivers ».
Futura-Sciences reviendra bientôt plus en profondeur sur cette découverte.