Le modèle standard de la physique des particules référence trois « saveurs » de neutrinos. Mais de nouvelles expériences semblent aujourd’hui vouloir confirmer l’existence d’une quatrième sorte de neutrino : le neutrino stérile.


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    Le neutrino, c'est une particule élémentaire qui existe en trois « saveurs », disent les physiciensphysiciens. Vraiment ? Pas si sûr, estiment certains. Car il pourrait bien exister une quatrième « saveur » de neutrino. Celle que les chercheurs appellent le neutrino stérile. Un neutrino quasi insaisissable. Ses frères ont l'habitude de traverser la matière sans que les physiciens puissent presque s'en rendre compte. Mais celui-ci serait encore plus fantomatique. Sensible uniquement à force gravitationnelleforce gravitationnelle. Ainsi, contrairement à ses frères, le neutrino stérile se présenterait avec une masse non nulle. Il pourrait même constituer une part non négligeable de la fameuse matière noirematière noire qui continue d'échapper aux chercheurs.

    Il y a quelques décennies déjà maintenant, une série d'observations anormales -- des particules qui semblaient s'être volatilisées -- avait motivé la mise en œuvre de plusieurs projets expérimentaux destinés à débusquer le neutrino stérile. Aujourd'hui, des chercheurs du Los Alamos National Laboratory (États-Unis) le confirment. Les résultats de leurs expériences s'écartent des prédictions théoriques du modèle standard de la physique des particules.

    Voir aussi

    Neutrinos stériles et révolution du modèle standard : le message du réacteur de Daya Bay

    Qu'ont-ils observé, réellement ? Tout s'est passé quelque part à plus de 1.500 mètres sous les montagnes du Caucase (Russie). À l'abri du rayonnement cosmique. Dans le double réservoir de gallium liquideliquide de l'expérience Baksan sur les transitions stériles (Best), quelque 26 disques de chromechrome 51. Le tout, bombardé par une source de neutrinos électroniquesneutrinos électroniques. Pour transformer une part du gallium en germaniumgermanium 71. Mais entre 20 et 24 % moins de ce germanium que prévu par les modèles. Comme ces chiffres se rapprochent de ceux mesurés par le passé et que toutes les précautions ont été prises pour éviter les erreurs expérimentales -- dans les opérations du système de comptage, par exemple -- l'explication doit être trouvée ailleurs. Et peut-être dans le neutrino stérile.

    Le neutrino stérile ou autre chose

    Ce qu'il faut savoir, pour mieux comprendre, c'est que les neutrinos peuvent, en quelque sorte, changer de « saveur » en cours de route, selon le phénomène de mécanique quantiquemécanique quantique que les physiciens qualifient d'oscillation. Ainsi le déficit mesuré pourrait constituer une preuve que des oscillations se produisent entre des neutrinos électroniques et des neutrinos stériles. « Nos résultats sont très excitants », commente Steve Elliott, analyste, dans un communiqué du Los Alamos National Laboratory.

    « Cela confirme l'anomalieanomalie que nous avons vue dans les expériences précédentes. Mais ce que cela signifie n'est pas évident », poursuit le chercheur. Car il pourrait y avoir d'autres explications à ce déficit de production de germanium 71. Parmi les plus probables, une erreur dans l'estimation de la section efficace du neutrino électronique. En d'autres mots, la théorie aurait pu surestimer la probabilité pour qu'une interaction entre le neutrino électronique et le gallium ait lieu. « Si nos résultats devaient mener à la conclusion que le modèle standardmodèle standard et la physique des particules sont mal compris, cela serait tout aussi intéressant », souligne Steve Elliott.

    Pour en avoir le cœur net et espérer comprendre enfin d'où vient vraiment cet écart entre les observations et la théorie, les physiciens envisagent déjà de nouvelles expériences. Sur des bases légèrement différentes. À une énergieénergie plus élevée, par exemple.