Une étude remet en question la possibilité d'une vie sur Mars en suggérant que les paysages martiens, auparavant attribués à l'eau liquide, pourraient en réalité résulter de la sublimation de la glace de dioxyde de carbone. Cette étude met en lumière le rôle important du dioxyde de carbone dans la formation de structures martiennes, jetant le doute sur l'implication de l'eau dans ces processus.
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Dans le domaine de la recherche de l'existence d'une forme de vie en activité ou éteinte dans notre Système solaire, Mars a toujours été une cible de choix. Cependant, depuis quelques années, les océans souterrains de certaines lunes glacées des planètes JupiterJupiter et SaturneSaturne suscitent aussi un très grand intérêt.
Concernant Mars, il semble aujourd'hui peu probable que la Planète rouge abrite une forme de vie telle que nous la connaissons, sauf peut-être dans des niches biologiques à l'abri des rayonnements où une vie primitive pourrait potentiellement subsister. Les chercheurs ont établi que les conditions favorables à l'émergenceémergence de la vie ont été présentes durant les premières centaines de millions d'années suivant la formation de Mars, mais la question demeure de savoir si ces conditions ont perduré suffisamment longtemps pour permettre l'apparition d'une forme de vie.
Aujourd'hui, une nouvelle étude (publiée dans Nature)) remet en cause ces certitudes en suggérant que les chances que la vie ait existé sur Mars pourraient être moindres que précédemment estimé. Les structures de paysages martiens courants (canaux, ravines...), auparavant attribués à des écoulements d'eau liquide, pourraient également résulter de l'évaporation de la glace de dioxyde de carbonedioxyde de carbone. C'est la conclusion à laquelle est parvenue une équipe de scientifiques dirigée par Lonneke Roelofs, planétologue à l'université d'Utrecht.
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Bien qu'il soit établi que de l'eau liquide ait coulé et façonné des paysages marquants sur Mars, cette étude remet en question le rôle de l'eau dans la création de certains ravins et canaux martiens de sorte que la période pendant laquelle l'eau à l'état liquide était présente à la surface de Mars a peut-être été plus courte qu'on ne le pensait auparavant. Et donc pas suffisamment longue pour favoriser l'émergence d'une forme de vie et son développement.
Le dioxyde de carbone remodèle les paysages martiens
Pour expliquer cette remise en question, Lonneke Roelofs souligne que l'atmosphèreatmosphère martienne est principalement composée de dioxyde de carbone. Les températures extrêmement basses pendant l'hiver martien (-120 °C) peuvent geler ce dioxyde de carbone, et lorsque l'atmosphère se réchauffe avec l'arrivée du printemps, la sublimation de cette glace (qui saute la phase liquide intermédiaire) peut façonner le paysage de manière similaire à des processus observés sur Terre. Ce processus est extrêmement explosif en raison de la basse pression atmosphériquepression atmosphérique de Mars, précise Lonneke Roelofs, de sorte que la pression du gaz créée sépare les grains de sédimentssédiments, ce qui fait couler le matériaumatériau, similaire aux débris qui coulent dans les zones montagneuses de la Terre. Ces flux peuvent ainsi remodeler le paysage martien - même en l'absence d'eau.
En réalisant des simulations en laboratoire, Lonneke Roelofs et son équipe ont observé que la sublimation de la glace de dioxyde de carbone pourrait avoir joué un rôle majeur dans la formation des ravines martiennes, réduisant ainsi la probabilité de l'eau liquide en tant que force motrice.
Il est important de noter que cette étude n'est pas la première à remettre en question le rôle de l'eau dans les phénomènes observés sur Mars. En 2015, une étude similaire s’appuyant sur de la simulation numérique - pilotée par Cédric Pilorget, chercheur à l'institut d'AstrophysiqueAstrophysique spatiale (CNRS, université Paris-Sud) et François Forget, chercheur CNRS au Laboratoire de météorologiemétéorologie dynamique (UPMC, ENS Paris, CNRS, École polytechnique) - a suggéré que les ravines observées sur la Planète rouge pourraient être le résultat de l'action de la glace de dioxyde de carbone, et non d'écoulements d'eau, comme on le croyait initialement.