Ce lundi 8 octobre, le prix Nobel d’économie a récompensé des travaux mettant en lumière les vertus et les nuisances de l’activité économique sur le climat. L’occasion rêvée pour Paul Romer, co-lauréat du prix, d'exprimer son inquiétude face à la vague de scepticisme qui touche aujourd’hui les sciences.

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    « Vous avez droit à votre propre opinion, mais pas à vos propres faits. » C'est ce qu'a déclaré Paul Romer, chercheur de 62 ans et ancien économiste en chef de la Banque mondialeBanque mondiale, lors d'une conférence de presse organisée hier, à New York. Quelques heures plus tôt, il avait été désigné prix Nobel d'économie 2018, conjointement avec un autre chercheur américain, William Nordhaus.

    Selon les termes de l'Académie royale des sciences, ils ont été récompensés pour avoir « mis au point des méthodes qui répondent à des défis parmi les plus fondamentaux et pressants de notre temps : conjuguer, sur le long terme, croissance durable de l'économie mondiale et bien-être de la planète ».

    <em>« L’hostilité affichée aux États-Unis vis-à-vis des politiques environnementales et climatiques est une anomalie »</em>, souligne Paul Romer, prix Nobel d’économie 2018. © <em>The Climate Reality Project</em>, Unsplash

    « L’hostilité affichée aux États-Unis vis-à-vis des politiques environnementales et climatiques est une anomalie », souligne Paul Romer, prix Nobel d’économie 2018. © The Climate Reality Project, Unsplash

    Tolérance zéro

    Paul Romer a profité d'une question posée sur le climatoscepticisme, incarné notamment par le président américain Donald Trump, ce dernier ayant décidé de sortir les États-Unis de l'accord de Paris sur le climatclimat. Le chercheur s'est ouvertement inquiété de la vaguevague de scepticisme qui touche aujourd'hui les sciences, et en particulier, le changement climatiquechangement climatique ou les vaccinsvaccins.

    « Ce qui est un peu troublant, même si je demeure très optimiste sur les possibilités de la technologie, c'est que nous semblons commencer à perdre notre ancrage dans les faits, a expliqué l'économiste. Nous devons avoir à l'esprit qu'il est incroyablement dangereux et ravageur de ne pas donner d'importance à la fraude académique ». Il faisait ici référence au mouvement antivaccination qui s'appuie sur des recherches publiées et dont les conclusions ont été depuis remises en cause par la communauté scientifique. « Nous devons avoir une tolérance zéro pour ce genre de choses. »