Des dessins gravés dans des roches massives tout au long d’une rivière sud-américaine ont attiré l’attention des archéologues et historiens, qui tentent désormais de comprendre leur utilité. Datant d’il y a plusieurs siècles, ils sembleraient avoir servi à délimiter les territoires occupés par les peuples autochtones.


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    Tout au long de la rivière Orinoco, les archéologues ont repéré des gravures précolombiennes à flanc de roches. Les rives du cours d'eau, qui serpente entre le Venezuela et la Colombie, sont parsemées de roches massives sombres. Les peuples autochtones de ces régions utilisaient ces roches pour lithographier, il y a plusieurs siècles, des symboles que les chercheurs tentent encore aujourd'hui de déchiffrer. Un article universitaire publié dans Antiquity le 4 juin tente de dresser une analyse de ces inscriptions. Elles pourraient symboliser une démarcation, comme une sorte de frontière entre les territoires occupés par les populations primitives.

    Des gravures d’humains et d’animaux au fil de l’eau

    Les gravures examinées au long de l’Orinoco sont d'origine inconnue et se révèlent particulièrement impressionnantes. L'une d'entre elles, un serpent, mesure 42 mètres de long : une dimension particulièrement importante faisant émerger plusieurs interrogations. L'étude relayée par Antiquity se concentre sur cette figure. Pour plusieurs peuples d'Amérique du Sud, la représentation du serpent pouvait avoir plusieurs significations. Il pouvait symboliser une déité renvoyant à la création du monde, mais portait aussi une connotation plus négative chez d'autres peuplades. Le serpent était souvent associé à un danger.

    Le serpent sur cette photo est visible depuis une certaine distance. Une marque pour représenter une délimitation ? © Riris, Oliver, Mendieta and al.
    Le serpent sur cette photo est visible depuis une certaine distance. Une marque pour représenter une délimitation ? © Riris, Oliver, Mendieta and al.

    Au vu de la taille importante de la gravure et de son positionnement au niveau de la rivière, l'emplacement n'a probablement pas été choisi au hasard, mais bien privilégié pour sa visibilité. La rivière Orinoco était un important point de transit, antérieurement à l'arrivée des conquistadors espagnols. Les pétroglyphes auraient servi de démarcation, une délimitation entre les territoires. Le sud du Venezuela et le nord de la Colombie étaient notamment occupés entre 100 avant J.-C., jusqu'à environ 1500 de notre ère. 

    Une cartographie étendue des symboles précolombiens

    Les chercheurs ont essayé de cartographier ces gravures tout au long de l'Orinoco, grâce à des photographiesphotographies et captations radar, afin de permettre des modélisationsmodélisations. L'enjeu est ici de comprendre quel peuple aurait pu réaliser ces œuvres et à quelle période, afin de potentiellement découvrir la raison de leur existence.

    Les gravures de l'Orinoco apparaissent comme contextuelles à un lieu donné. Elles se font plus éparses selon différents points au long de la rivière. Pour les spécialistes étudiant les données acquises, de plus amples recherches sont nécessaires pour recenser plus de pétroglyphes sur les rivages de l'Orinoco et dans les secteurs avoisinants. Comme l'indique la conclusion de l'étude, un contact approfondi avec les populations locales doit être effectué afin de comprendre la signification des gravures et d'en comprendre l'importance. Les auteurs insistent aussi sur la nécessité de préserver ces sites, qui s'imposent comme de véritables jalons de l'histoire précolombienne.