Dans les grottes préhistoriques, déjà, les humains dessinaient des cartes rudimentaires de leur environnement proche sur les murs. Si, aujourd’hui, notre Planète entière semble avoir été cartographiée avec une certaine précision, cela pourrait ne pas être tout à fait le cas de notre Univers. Grâce à une nouvelle façon d’exploiter les données disponibles, des chercheurs révèlent qu’il pourrait finalement ne pas être aussi « grumeleux » qu’ils l’avaient d’abord imaginé.


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    Des galaxies, des étoiles, des planètes. Partant d'une matière projetée par le Big Bang, notre Univers est devenu immense. Pour avoir l'espoir de comprendre les forces qui ont joué pour en arriver là, celles qui, pendant des milliards d'années, ont façonné le monde qui nous entoure, les scientifiques savent qu'il leur faut établir une carte qui donnera la répartition de la matière dans l'Univers tel que nous l'observons aujourd'hui. C'est justement ce que des chercheurs, notamment de l'université de Chicago (États-Unis) et du Fermi National Accelerator Laboratory (États-Unis), présentent aujourd'hui. Celle qu'ils affirment être la carte la plus précise jamais réalisée.

    Deux ensembles de données -- celles du Dark Energy Survey (Chili) et celles du South Pole Telescope (AntarctiqueAntarctique) --, plus de 150 astronomesastronomes, trois articles publiés et, entre autres découvertes, le fait que la matière n'est pas aussi « grumeleuse » que le prévoyait le meilleur modèle actuellement disponible. De quoi faire penser -- une fois encore -- qu'il pourrait manquer quelque chose dans le modèle standard en question.

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    Le Dark Energy Survey en image

    Pour comprendre comment les chercheurs en sont arrivés à cette conclusion, il faut savoir que les deux instruments dont ils ont analysé les données sont très différents. L'idée, derrière le Dark Energy Survey, était de sonder le ciel pendant six mois depuis le sommet d’une montagne. Le South Pole Telescope, lui, avait plutôt l'ambition de trouver les faibles traces de rayonnement issu des premiers instants de l'Univers et qui voyagent toujours dans notre ciel.

    Des chercheurs ont combiné les cartes du ciel du programme <em>Dark Energy Survey</em> (à gauche) et du télescope du pôle Sud (à droite) pour former une carte de la distribution de la matière, cruciale pour comprendre les forces qui façonnent l’univers. © Yuuki Omori, Université de Chicago
    Des chercheurs ont combiné les cartes du ciel du programme Dark Energy Survey (à gauche) et du télescope du pôle Sud (à droite) pour former une carte de la distribution de la matière, cruciale pour comprendre les forces qui façonnent l’univers. © Yuuki Omori, Université de Chicago

    Un désaccord avec le modèle standard de la cosmologie ?

    Combiner ces deux ensembles de données a apporté comme une contre-vérification de leurs résultats aux chercheurs. Une manière de s'assurer de la robustesse de leurs mesures. Des mesures de lentilles gravitationnelles. Le phénomène de courbure de la lumièrelumière que les astronomes observent lorsqu'elle passe par une région à forte gravitégravité. Une manière, pour eux, de localiser tout aussi bien la matière classique -- celle que nous connaissons bien et que nous sentons au quotidien autour de nous -- que celle que les astronomes appellent la matière noirematière noire -- une forme de matière qui garde encore ses mystères, mais qui exerce tout de même une force de gravité.

    Résultat : quasiment tout semble correspondre aux prévisions du modèle standard de la cosmologiemodèle standard de la cosmologie. Quasiment ? Parce que les chercheurs se sont aperçus que leurs conclusions sont très légèrement différentes de ce que dessine ce modèle. À savoir, un Univers dans lequel la matière forme comme des « grumeaux ».

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    Ces galaxies jettent le doute sur le modèle standard cosmologique

    Alors, manque-t-il quelque chose à ce fameux modèle standard de la cosmologie ? Ou est-ce la carte de répartition de la matière dans l'Univers qui doit être revue ? Les auteurs de ces travaux reconnaissent qu'une étude plus approfondie sera nécessaire pour trancher. Une chose est certaine, c'est que la stratégie qu'ils ont déployée de travailler sur deux ensembles de données très différentes, d'adopter en quelque sorte, deux points de vue différents sur l'Univers, semble à même d'apporter de nouveaux éclairages. Une nouvelle enthousiasmante alors que de plus en plus de grands télescopes seront mis en service dans les années qui viennent.