La constellation Starlink de SpaceX n'est pas seulement un service commercial de communication et d'Internet. Elle peut être utilisée à des fins géopolitiques ou comme outil pour la liberté et la libre circulation des informations. Une situation qui a poussé l'Europe à disposer de sa propre constellation pour répondre aux besoins de ses citoyens et de sa politique internationale. La Chine aussi souhaite s'inspirer de la constellation Starlink, mais pas seulement pour les mêmes raisons. En effet, elle la considère comme une menace militaire et veut donc se doter de contre-mesures efficaces.


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    Lorsqu'en 2019 SpaceXSpaceX et Elon MuskElon Musk décident de déployer en orbite la constellation StarlinkStarlink, en promettant un accès à InternetInternet partout sur la planète, personne n'imaginait, sauf peut-être Elon Musk, que cette constellation serait utilisée comme une arme géopolitique pour faire progresser la liberté et la libre circulation des informations. La guerre en Ukraine et la répression meurtrière en Iran ont montré qu'une constellation pouvait s'imposer comme un outil d'influence géopolitique important et tout l'intérêt d'en disposer une pour les gouvernements qui souhaitent une autonomieautonomie dans le domaine des communications.

    En seulement quelques années, Starlink s'est imposé comme un service incontournable, poussant l'Europe et la Chine à développer chacune une constellation concurrente pour offrir les mêmes types de service. Sans surprise, l'Europe et la Chine ne font pas la même analyse de l'utilisation de Starlink. Si les événements géopolitiques ont mis en lumière le besoin pour l'Europe de disposer de sa propre constellation de satellites de communication, pour ne pas dépendre des services de SpaceX, la Chine qui rappelons-le interdit l'utilisation de Starlink sur son territoire, la considère comme une menace militaire !

    C'est dans ce contexte que la Commission européenne a récemment présenté son projet de constellation baptisée IRIS² (infrastructure de résiliencerésilience, d'interconnectivité et de sécurité par satellite) avec l'objectif d'une mise en service en 2024. Quant à la Chine, très discrète sur ses intentions, on lui connaît quelques projets de constellations équivalents à celle de Starlink pour fournir des services similaires à ses citoyens mais aussi aux 70 pays européens, d'Asie centrale et d'Afrique bordant ses nouvelles routes de la soie. Mais, seuls deux ou trois projets apparaissent crédibles et réalistes. Il y a celui de la start-upstart-up GalaxySpace qui prévoit de construire et de lancer en orbite terrestre basse environ mille satellites afin de fournir une couverture 5G.

    Vue d'artiste d'un des satellites de la constellation Starlink. © SpaceX
    Vue d'artiste d'un des satellites de la constellation Starlink. © SpaceX

    L'autre projet qui nous intéresse est la constellation GuoWang et ses 12 992 satellites. Si officiellement cette constellation a pour but de fournir des services de communication et Internet aux Chinois et pays de la sphère d'influence de Pékin, elle pourrait embarquer des « contre-mesures » contre la constellation Starlink. Dans un document traitant de ces contre-mesures contre Starlink, des chercheurs de l'Université chinoise d'ingénierie spatiale (qui dépend de l'Armée populaire de libération) ont émis plusieurs recommandations. L'une d'elles prévoit un nombre important de satellites afin d'occuper des positions orbitales de façon à limiter le développement et l'expansion de Starlink. Ça, c'est pour les mesures « soft ». On apprend aussi que ces satellites pourraient embarquer des « armes » de type laser et micro-ondes pour endommager, voire détruire les satellites Starlink, qui passent au-dessus de la Chine ou d'autres régions et pays jugés sensibles par Pékin.

    Pour l'instant, la Chine n'a pas la capacité de lancer ces quelque 13 000 satellites dans des délais raisonnables. Elle s'y prépare en finançant plusieurs entreprises et start-up chinoises qui s'investissent dans le développement de système de lancements commerciaux. À suivre donc.