A un peu plus de 400 années-lumière, dans la constellation d'Ophiuchus, la quadruple étoile Rho Ophiuchi illumine des nuages de gaz et de poussières où naissent de nouveaux soleils, peut-être accompagnés de systèmes planétaires. Les astronomes sont sous le charme.

au sommaire


    L'œilœil est un merveilleux récepteur mais ses limites sont parfois frustrantes. En vision nocturnenocturne, quand la lumière est trop faible, ce sont les bâtonnetsbâtonnets placés en périphérie de notre œil qui entrent en action : à la différence des cônescônes qui perçoivent la couleur, les bâtonnets, beaucoup plus sensibles, fournissent une image noir et blanc. Une vision bien terne qui laisse les astronomesastronomes sur leur faim quand il s'agit d'admirer la profusion de couleurs qu'offrent certaines régions célestes.

    Dans la constellation d'Ophiuchus, à proximité de la Voie lactée, la partie centrale de notre galaxie, il semble qu'un peintre nous a laissé l'une des plus belles toiles célestes. Ce que notre œil ne nous permet pas d'admirer directement, les capteurscapteurs photographiques le restituent avec un luxe de nuances. La quadruple étoileétoile Rho Ophiuchi se trouve au sein d'un vaste nuagenuage d'hydrogènehydrogène et de poussière qu'elle illumine en produisant des émissionsémissions dans le visible et l'infrarougeinfrarouge. Le télescope spatial Spitzer a découvert que près de 300 autres jeunes soleilssoleils (dont l'âge moyen est estimé à 300.000 ans seulement) participaient à cette féérie colorée.

    Observé en infrarouge par le télescope spatial <em>Spitzer</em>, le complexe nébuleux de Rho Ophiuchi révèle les régions poussiéreuses chauffées par de jeunes étoiles. Crédit Nasa/JPL-Caltech

    Observé en infrarouge par le télescope spatial Spitzer, le complexe nébuleux de Rho Ophiuchi révèle les régions poussiéreuses chauffées par de jeunes étoiles. Crédit Nasa/JPL-Caltech

    52 images assemblées pour un tableau de maître

    Pour restituer visuellement la magie colorée de cette portion de ciel, les astronomes n'hésitent pas à déployer les grands moyens. L'astrophotographe Rogelio Bernal Andreo s'est fait une spécialité de ces grandes fresques célestes. Pour réaliser l'image montrée au bas de l'article, il a pris puis assemblé 52 photographiesphotographies du ciel obtenues avec une lunette de 102 millimètres de diamètre. L'ensemble représente plus de 48 heures de poses au total réparties sur 12 nuits d'observations depuis différents sites de la côte ouest-américaine, dans les montagnes au sud de San Francisco.

    R. B. Andreo a volontairement choisi un cadrage inhabituel. D'habitude les astronomes préfèrent centrer leur image sur la Voie lactée pour en montrer toute la richesse. C'est ainsi que Stéphane Guisard avait réalisé une extraordinaire image depuis le volcanvolcan Chimborazo, dans la Cordillère des Andes. Rogelio Bernal Andreo a préféré laisser la Voie lactée légèrement de côté ; on peut y voir quand même quelques célèbres nébuleusesnébuleuses comme M 8 et M 20, ainsi que les nuages de poussières sombres qui masquent les étoiles. L'astrophotographe a mis en valeur une région périphérique, là où siègent les constellations du Scorpionconstellations du Scorpion et d'Ophiuchus, riche en nébulosités multicolores.