Pour la première fois, une autre compagnie que SpaceX, Rocket Lab, a réussi à faire voler une fusée partiellement réutilisée, avec un moteur ayant déjà volé une fois. Dans les prochains mois, Rocket Lab souhaite réutiliser un premier étage au complet.


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    Le micro-lanceur Electronlanceur Electron a décollé de la péninsulepéninsule Mahia, au nord de la Nouvelle-Zélande, où se trouvent deux pas de tir. Le vol a débuté à 01 h 45 du matin heure française. À bord de la fuséefusée, le satellite d'imagerie radar à synthèse d'ouverture (capable de photographier la surface la nuit ou à travers les nuagesnuages) de nouvelle génération Capella Acadia 1, de la compagnie américaine Capella Space, est déployé en orbite à inclinaison moyenne, à 640 kilomètres d'altitude. C'est le 40e vol d'une fusée Electron, mais le premier avec réutilisation, ce qui n'était même pas envisagé il y a quelques années chez Rocket Lab.

    Replay du Livestream de cette nuit. © Rocket Lab

    Il fut un temps où la réutilisation de SpaceXSpaceX faisait rire, où personne ne croyait à l'idée que ce soit financièrement tenable. Fondateur et patron de la compagnie américano-néo-zélandaise, Peter Beck avait annoncé qu'il mangerait sa casquette si jamais il se mettait à envisager la réutilisation de ses fusées. pari tenu : un an plus tard, ce même Peter Beck se retrouvait face à ses aveux dans une vidéo très drôle le mettant en scène en train de manger sa casquette après l'avoir passé au mixeur.

    Récupérer une fusée initialement non réutilisable

    Electron, qui a décollé la première fois en 2018, est un micro-lanceur, haut de 18 mètres, capable de prendre en charge des satellites ne pesant pas plus de 320 kilos. Electron n'a pas été conçu pour être réutilisable. Pour ce faire, sur le premier étage, Rocket Lab a dû y apporter, comme SpaceX, plusieurs modifications, afin de contrôler la rentrée atmosphérique, et aussi adoucir la descente finale à l'aide de parachutesparachutes (un parachute principal et un autre supersonique pour ralentir).

    La récupération est toutefois différente de celle de SpaceX, où les booster de Falcon se posent au sol ou sur des barges automatiques, ce qui demande de maîtriser le complexe Vertical Take-off / Vertical Landing (décollage / atterrissage verticaux), exigeant souvent des années de travail. Faute de temps et de moyens, et le booster d'Electron étant bien plus léger que celui de Falcon, Rocket Lab envisage que le booster soit capturé dans le ciel par hélicoptère pendant sa descente sous parachute. Mais, après deux essais, il s'est avéré que la manœuvre est trop complexe, voire dangereuse, pour l'hélicoptère de capture, et qu'elle nécessite une météométéo trop contraignante.

    Replay de la tentative de capture par hélicoptère du booster d'Electron — à partir de la 53e minute du Livestream. © Rocket Lab

    Un long chemin parsemé d’expérimentations

    Pendant longtemps, il se disait qu'un élément de lanceur tombant dans l'eau salée des océans ne serait plus réutilisable et, seule la start-upstart-up espagnole PLDSpace proposait une récupération en mer du booster de son futur micro-lanceur Miura 5. SpaceX a ensuite franchi le pas en réutilisant des demi-coiffes de Falcon 9 manquant de chuter dans le filet des bateaux récupérateurs, et tombant dans l'eau.

    Après avoir constaté que l'impact de l'eau salée sur les premiers boosters récupérés était très faible. Rocket Lab a décidé d'abandonner les hélicoptères et de se concentrer sur le reconditionnement. Un premier moteur Rutherford d’Electron est qualifié pour un vol. Le vol de cette nuit permet de franchir le pas sans prendre trop de risques. En effet, le premier étage en compte 9 identiques et comme Falcon 9. La défaillance d'un moteur n'est pas fatale à la mission. À l'issue du vol de cette nuit, Peter Beck a déclaré que les données de vol confirment que tous les moteurs ont fonctionné normalement. La réutilisation est désormais actée. L'étape suivante est celle d'un booster complet, « prévue dans les prochains mois ».

    À quoi ressemblera Neutron ? © Rocket Lab

    Préparer les plus grandes ambitions

    Difficile encore aujourd'hui d'établir un modèle économique viable sur la réutilisation de micro-lanceur. Mais Rocket Lab s'en moque. La réutilisation d'Electron est surtout une grosse source de données et d'expériences pour préparer la réutilisation d'un lanceur plus grand, nommé NeutronNeutron, aux capacités équivalentes à celles de SoyouzSoyouz, dont le premier vol est prévu pour 2024-2025.